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Charles-Catherine Claude | Femmes séropositives | Génération sacrifiée, 20 ans après | Hommage aux disparus

Hommage à une combattante (7/8) : Naissance et sacrifice

22 mars 2011 (papamamanbebe.net)

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Sandra : On va terminer cette émission avec un récit de Catherine Charles qu’elle avait écrit suite à sa participation à la Conférence de presse Génération Sacrifiée, 20 ans après. Zina, je vais te demander de lire un extrait de ce récit.

Zina : « Bien que je commençais à être rompue à la prise de parole en public, la conférence d’hier, « génération sacrifiée », m’avait profondément remuée. Bien plus que je ne l’aurais cru en tout cas. J’avais fait partie en plein de cette génération crucifiée sur l’hôtel de la prohibition. Seringues rouillées, tordues, bouchées, chauffées, limées, infâmes qui ont fait fleurir sur nos bras des coquelicots jaunes hépatites et rouge sida. Pendant ce temps là dans les prisons nous étions invité à donner notre sang. Impossible d’acheter une seringue neuve dans une officine à Paris ou dans toute sa banlieue, pas plus qu’en province non plus. Et sauf pour ceux qui avaient dans leur entourage un proche insulino-dépendant pour leur donner des seringues, cette rétention de matériel stérile avait favorisé et largement entretenu les contaminations exponentielles des années 80. (hépatites et sida) Les quartiers, les cités et l’immigration en particulier, entre prison et sida, avaient payé un lourd tribut à l’inconscience politique. Et aujourd’hui, je n’étais qu’à moitié surprise lorsque dans les quartiers, les petits frères de cette génération là, brûlaient n’importe quoi, avec les strates d’une colère trop longtemps contenue. Pratiquement personne ne parlait plus de cette génération à part Reda. C’est pour cette raison que je le soutenais et lui prêtais main forte à chaque fois qu’il me sollicitait. Son énergie me portait et l’appel que nous venions de lancer à Carla Bruni Sarkozy m’avait galvanisée. Il luttait bec et ongles contre le fatalisme lié à l’immigration et à la pauvreté tout en privilégiant la prévention. Il faisait en sorte que toutes ces personnes, celles qui étaient en vie post contamination, leurs enfants et leurs proches et la génération suivante aussi, soient enfin entendues et soutenues . Dans la salle du comité des familles face au public et aux journalistes, la chanteuse Leslie et Dj Kore, de jeunes artistes, étaient là en soutien. Oh bien sur ça n’avait pas la dimension d’un sidaction plein de paillettes et de chansons, mais leur richesse de coeur et leur prise de conscience valaient tous les « real sida » du monde. Puis des flaches ont crépité mais je n’étais plus là. »

Sandra : Voilà un court extrait du récit de Catherine Charles qu’elle avait écrit suite à sa participation à la Conférence Génération Sacrifiée 20 ans après. Elle était venue surtout pour témoigner, pour dire à tous les jeunes qu’on peut vivre.

Ben : Je voudrais juste dire, elle nous a quitté par le physique, mais par la pensée elle rester toujours dans mon coeur et dans mon combat.

Transcription : Sandra Jean-Pierre

Hommage à une combattante : Charles-Catherine Claude

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