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Bruno Spire | Christian Saout | Financement de la lutte contre le sida | Jacques Waynberg

Aider les séropositifs depuis son fauteuil doré : que pensent les séropositifs des révélations concernant les dirigeants de AIDES ?

26 janvier 2011 (lemegalodon.net)

5 Messages de forum | | Votez pour cet article

Sandra : Avant d’aborder ces différents sujets, place à l’actualité de la semaine avec un article dans Le Parisien, paru aujourd’hui. Je vous lis le titre de la une : Lutte contre le sida. Les mauvais comptes de l’association Aides. Et on apprend que seulement 60 % du budget de l’association AIDES est consacré aux missions sociales. Pour ceux qui ne connaissent pas l’association AIDES, c’est une des principales associations caritatives en France. Ses missions c’est la lutte contre le VIH/Sida, le soutien aux personnes, le dépistage, l’aide à domicile et la prévention. Elle compte 450 salariés, avec un budget de 37 millions d’euros en 2009. Le président d’AIDES c’est Bruno Spire, et avant 2007 c’était Christian Saout. Ce dernier est accusé d’avoir bénéficié jusqu’en 2010 d’un logement de fonction, un avantage en nature dénoncé par la Cour des comptes. Et AIDES, lui verse toujours une rémunération alors que Christian Saout n’est plus le président. Je suis partie dans les rues du 19e arrondissement de Paris, pour prendre la température, savoir ce qu’en pensent les gens. On écoute.

Début du son.

Sandra : Est-ce que vous avez confiance dans les associations qui appellent à faire des dons ?

— Bah bien sûr ! Les yeux fermés ! J’ai déjà contribué par rapport à cette maladie. Moi je leur fais entièrement confiance. Surtout à Sidaction.

— Non, vraiment non. Non, non je ne crois pas. Je crois quand même qu’il y a trafic quand même. Non, non, je ne les crois pas. Même si parfois j’aime bien donner mais je doute. Il y a quand même un petit doute. Je préfère donner comme ça à quelqu’un qui est devant moi, dans le besoin, que donner aux associations.

— Oui, enfin ça dépend lesquelles mais genre AIDES, oui. Enfin celles qui sont bien connues tout ça.

— Bah oui, pareil. Tout dépend après les associations.

— Euh pas du tout. D’ailleurs je ne fais jamais de dons aux associations.

Sandra : Pourquoi ?

— Parce que je ne sais pas ce que devient mon argent. Je ne sais pas à qui je le donne vraiment. Par exemple ici, au métro, où régulièrement il y a des personnes qui font appel à des dons. Et que ce soit pour n’importe quelles associations, c’est toujours les mêmes personnes qui sont là donc, un jour ça va peut-être être pour le sida. Il y a comme des employés qui sont là que pour ça en fait. Ca ressemble à comme une entreprise qui collecte des dons et qui les dispatche après aux divers organismes qui ont demandé des dons.

Sandra : Vous ne faites jamais de dons pour des associations ?

— Bah oui ! Une ou deux pour Sidaction. Dans le 11e arrondissement. Tout juste en face de l’hôpital je pense Saint-Antoine.

— Oui, oui. SOS médecins, l’autre pour les policiers. Donc ces deux associations, j’ai déjà donné moi et mon mari.

— Non.

— Parce qu’on galère un peu déjà financièrement.

— Donc voilà, pareil.

— Euh ça m’est arrivé une fois, pour le sida. Pour lutter contre le sida. Mais sinon je ne donne pas. Ni téléthon, ni choses comme ça, parce que même chez eux tout l’argent ne va pas forcément en aide aux malades quoi.

Sandra : D’après un rapport publié dans Le Parisien, seulement 60 % des dons reversés l’association AIDES est utilisé dans leurs missions sociales. Qu’est-ce que vous en pensez ?

— Bah en tout cas ça dépend de la foi de ceux qui s’en occupent. Bon, nous, on ne peut pas savoir. La meilleure des solutions c’est d’avoir le plaisir de faire ce don. Maintenant, à ceux qui s’occupent de bien gérer.

— C’est devenu pratique, presque toutes les associations sont comme ça. Mais je ne sais pas vraiment… c’est dommage. Il y a vraiment des gens qui sont dans le besoin. On les voit dans la rue qui n’ont ni boire, ni manger. Même pas d’endroit où dormir. Mais vraiment je trouve que c’est dommage.

— Je ne sais pas… bah c’est clair que ce n’est pas bien quoi mais… si le président il se paye son appartement pour ça, c’est sûr que ce n’est pas correct quoi. Mais bon après…

— C’est la politique aussi en ce moment…

— Oui je ne sais pas. Il devrait avoir plus de transparence mais bon.

— Bah… bon, ça pourrait me conforter dans l’idée que le système n’est pas complètement on va dire véreux vraiment. Il y a une partie qui revient aux malades, qui aident les familles des malades ou pour diverses, comment pourrais-je dire ça ? Pour les aider pour diverses choses. Bon ça me rassure mais je n’ai pas totalement confiance.

Fin du son.

Sandra : Ali et Tina bonjour. Bienvenus à l’émission.

Ali : Bonjour.

Tina : Bonjour.

Sandra : Jacques Waynberg, bienvenu à l’émission. Merci d’avoir accepté notre invitation. Alors qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que ça vous choque de savoir que 60 % du budget d’AIDES est utilisé pour les missions sociales et le reste, pour des avantages en nature ?

Jacques Waynberg : Écoutez, de toute façon, 450 employés - pardon pour ma voix - ça représente un budget. On ne peut pas imaginer par exemple que 80 % de son budget soit consacré exclusivement à des actions. Il y a des salariés, il y a l’URSSAF, il y a les impôts, il y a un certain nombre de choses. Il y a des locaux. Mais là où ça devient extrêmement désagréable, c’est lorsque les responsables de ces associations se sucrent au passage. Là c’est absolument intolérable. Ca devient une fonction, ça devient un salariat suspect. Je crois que là, il faut absolument condamner, et pas condamner le pourcentage, qui est le pourcentage de fonctionnement, parce que tout groupe qui a des salariés est bien obligé de consacrer de l’argent. Mais qu’on ne nous dise pas qu’un type qui n ‘est plus à la tête d’une association continue à toucher du fric. C’est évidemment décourager gravement tous les dons.

Ali : Moi je dirais que c’est quand même préjudiciable pour les gens porteurs du VIH et ayant besoin effectivement éventuellement d’association. C’est que après Act-Up, qui était la seconde, voir la première qui se tirait la bourre avec AIDES pour, prenait la cause des personnes vivant avec le VIH. Et que, après que Act-Up, qui avait surtout les subventions mirobolantes de mécène tout ça et tout. Ils pouvaient se permettre à l’époque, interpeller le ministre de l’époque de la santé, Douste-Blazy, alors ils avaient mis un coup de moins bien au Sidaction. Et avec les propos qu’il y a eus il y a peu de temps sur encore le téléthon et le sidaction, les maladies les plus importantes, c’est celles-ci, c’est celles-là, non, je ne sais pas. Bon voilà. Et enfin de compte, on voit bien que au fur et à mesure les gens sont de moins en moins confiants pour donner aux associations et en définitif, même les personnes que ce soit d’AIDES ou d’ailleurs qui veulent faire du bon travail, c’est eux qui sont pénalisés et pourquoi ? Parce que leur boss il perçoit des sommes faramineuses. La misère des uns, fait le bonheur des autres. Et donc il se trouve que successivement, les personnes à la tête de ces actions-là, ils s’en mettent pleins les fouilles. Et voilà. Ca porte préjudice aux malades ou non malades. Les séropositifs, bon, à leur famille également, l’entourage. Et voilà quoi. En même temps je me demande ce que l’action publique et politique fait là-dedans quoi. Parce que le public c’est aussi, c’est dirigé aussi en partie par les politiques. Il n’y a pas que les associations qui sont concernées. Donc voilà quoi.

Tina : Oui moi j’ai lu l’article ce matin. Et oui, précisément des arguments qui montrent qui ne vont pas, des salaires très élevés, des postes hauts placés. Je pense qu’effectivement il y a toute une quantité de masse salariale qui touche un salaire raisonnable mais que c’est effectivement les postes hauts placés qui sont rémunérés de façon exagérée. Ainsi que les avantages en nature comme un appartement sur 10 ans c’est vraiment inadmissible. Alors qu’il y a les personnes séropositives sans logement qui crèvent dans la rue. On en voit tous les jours venir au Comité, des femmes enceintes séropositives qui ne savent pas, qui logent à l’hôpital le temps de trouver quelque chose, la misère elle existe. Donc il ne faut pas se foutre du monde et défendre une cause dans sa petite chaise en or. Là il faut vraiment se poser des questions. Est-ce que cette personne qui fait ce genre de chose, où est sa moralité ? Ca vraiment, je trouve que c’est choquant et voilà. Comment on peut cadrer ce genre de choses ? En tout cas la transparence est toujours un bon outil pour éviter ce genre de dérive et à mon avis, dans cet article, on compare le taux de frais pour fonctionnement d’AIDES à d’autres associations et avec plus une meilleure organisation et un peu de volonté, on peut baisser ces 40 % qui vont pour l’organisation, autre que pour les… directement aux personnes, actions sociales et ça, c’est inadmissible aussi. On ne peut pas se contenter d’un tel résultat. Alors on est un mauvais gérant. Faut donner la place à quelqu’un d’autre qui gérera mieux cette association.

Transcription : Sandra Jean-Pierre

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