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Claude Evin | Financement de la lutte contre le sida | Politiques de santé

Entretien avec Claude Evin (1/8) : Le VIH est « un éclairage pour l’ensemble de la prise en charge d’autres pathologies »

3 mai 2010 (lemegalodon.net)

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Reda : Si vous deviez résumer en une phrase en quoi l’Agence de Santé pourrait être un mieux, un plus pour la santé des personnes ?

Claude Evin : En une phrase c’est permettre que l’organisation des soins et le lien avec la prévention soient mieux organisés sur la région et notamment sur la région Île-de-France puisque c’est ma responsabilité.

Samantha : Bonjour Reda

Reda : Bonjour Samantha et bonjour aux auditeurs et auditrices de l’émission de radio Survivre au sida.

Samantha : Aujourd’hui tu as rencontré Claude Evin, peux-tu nous le présenter ?

Reda : Je crois qu’il n’y a pas besoin de le présenter vu qu’il y a des lois qui portent son nom. C’est un ancien ministre de la santé, aujourd’hui il est directeur d’une nouvelle structure qui s’appelle l’Agence Régionale de Santé qui regroupe les acteurs étatiques de la santé publique en Île-de-France et dans chaque région. Cette grosse machine, cette Agence Régionale de Santé va prendre des décisions qui vont avoir des conséquences peut-être dramatiques dans la vie de toutes les personnes séropositives et donc pour tous ceux et celles qui les aiment.

Samantha : Nous allons donc écouter cet entretien.

(Début son)

Samantha : Le 25 juin 1981, c’est la date de la publication des premiers cas de sida signalés dans le bulletin épidémiologique des centres pour le contrôle des maladies états-uniennes. C’est quinze jours après l’élection de François Mitterrand, aux élections présidentielles. Est-ce que vous vous souvenez où vous étiez à ce moment là ?

Claude Evin : À ce moment là j’étais… Je ne sais pas s’il y a un lien entre les deux dates un lien que vous faites ici c’est un peu plus de quinze jours d’ailleurs très précisément. J’étais député, j’avais été réélu puisque j’étais élu à l’Assemblée Nationale en 1978. J’étais à l’Assemblée Nationale à cette période de fin juin où je préparai la rentrée parlementaire d’une nouvelle majorité et où je m’apprêtais à ce moment-là à devenir président de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale. Commission des affaires sociales que j’ai présidé pendant cinq ans entre 1981 et 1986.

Samantha : Quand avez-vous entendu parler pour la première fois de cette nouvelle maladie ?

Claude Evin : Quand j’en ai entendu parler ? Bah alors là, je n’ai pas la mémoire très très précise de la date. Je peux dire par contre que le premier service hospitalier dans lequel j’ai rencontré des malades c’est paradoxalement d’ailleurs à San Francisco en 1985-1986 à l’occasion d’un déplacement dans cette ville et aux Etats-Unis et où j’avais eu l’occasion de visiter l’hôpital municipal de San Francisco et l’organisation effectivement de la prise en charge des personnes atteintes du VIH à San Francisco car… Je crois qu’à l’époque les Etats-Unis et notamment, enfin San Francisco avait bien organisé la prise en charge hospitalière des personnes malades du sida. Bon et après naturellement, j’ai directement été confronté à l’échange avec les associations et puis à l’organisation même de la réponse puisque j’ai été en charge au gouvernement de la santé peu d’années après puisque j’ai été donc ministre à partir de 1988.

Reda : De quelle façon est-ce que vous résumeriez comment cette maladie vous a marqué dans votre parcours d’acteur de santé public et d’homme politique ?

Claude Evin : C’est très intéressant cette question parce que en fait moi je suis convaincu et à partir de plusieurs exemples qu’on pourra reprendre dans cet entretien et c’est notamment ce qui m’a marqué puisque comme je l’indiquais tout à l’heure j’ai travaillé sur les questions de santé depuis déjà de très très nombreuses années, c’est que le VIH, cette maladie, ce qu’elle révèle, la manière dont elle est prise en charge est une indication, est une leçon, est un éclairage pour l’ensemble de la prise en charge d’autres pathologies. Je veux m’expliquer : c’est une pathologie, c’est une maladie qui mobilise beaucoup les patients et les associations de patients. Moi j’ai beaucoup travaillé sur la question des droits des malades et les droits des patients, j’ai publié d’ailleurs à ce sujet j’ai été un des acteurs assez déterminant de la loi du 4 mars 2002, la loi sur les droits des malades, j’avais déjà introduit d’ailleurs cette notion quand j’étais au gouvernement entre 1988 et 1991. Et voilà des exemples où les associations de malades du sida ont considérablement fait avancer les choses en matière de prise en compte des droits des personnes. Autre élément sur lequel la prise en charge du sida nous éclaire sur d’autres pathologies et la manière d’organiser le système de santé, c’est que la question du sida aussi bien sur le plan strictement médical... Quant aux problèmes sociaux auxquels les malades sont confrontés, cela nous amène à avoir une démarche globale c’est à dire qu’on ne peut pas traiter de la question du sida en séparant les différentes modalités de prise en charge, on est obligé d’avoir une démarche globale. Et ça aussi c’est une démarche qui s’impose sur d’autres pathologies que le seul VIH. Autre question c’est la question de la prévention par exemple qui est très déterminante on le voit bien dans la lutte contre le VIH et on voit bien que le lien entre la prévention et la prise en charge aussi s’impose je l’évoquais tout à l’heure à propos de l’Agence Régionale de Santé et c’est évident que la prévention peut réellement déterminer l’évolution ou non de la maladie. Les actions qui sont menées, qui ont été menées et qui sont menées en ce qui concerne le VIH sont là aussi très très éclairants pour d’autres pathologies. Et puis il y a pleins d’autres éléments sur lesquels on pourrait aussi revenir et commenter pour lesquels le VIH a été vraiment déterminant quant à l’évolution de la prise en charge des malades.

Transcription : Samantha Yeboah

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