Reda : À l’occasion de ce Méga Couscous, il y a eu un nombre très important de prises de paroles d’élus, qui n’étaient pas du tout prévues au départ. Donc, des élus de la ville de Saint Denis qui se sont déplacés. On a eu la confirmation à la dernière minute. On a d’ailleurs eu le passage du maire de Saint Denis qui n’était pas du tout prévu. Et vue l’ampleur qu’a pris l’événement, ils sont tous venus, ils ont tous insisté pour prendre la parole. Je vous propose d’écouter l’intervention de l’interlocutrice qui est vraiment celle avec laquelle on a travaillé main dans la main pour préparer ce quatrième Méga Couscous des Familles à Saint Denis. Elle travaille donc au sein de la Mairie de Saint Denis, elle s’appelle Samira Guedichi, et elle, comme nous, a été marquée par l’histoire de cette génération sacrifiée à la seringue, à la double peine, à la prison, aux expulsions. Je vous propose donc de l’écouter.

(Début du son)

Samira Guedichi : Bonjour, bonjour à tous, je suis ravie de vous voir tous là. Ça fait des semaines, qu’on travaille, fin que je travaille, avec le Comité des Familles. C’est devenu des amis… ça va devenir des amis. Alors, moi je veux témoigner de quelque chose d’important, qui me paraît important : cette journée, nous raconte une histoire. Une histoire que beaucoup d’entre nous porte dans leur sang. Et cette histoire a été vécue en particulier dans ce département, dans le 93 que je connais, pour avoir commencé à travailler sur ces questions-là depuis 1994… ce département-là et l’histoire de cette épidémie a été marquée par le déni, par l’ignorance, par le silence. Pourquoi le déni ? Le déni de certains jeunes hommes qui ont pensé que le VIH ne les concernait pas : c’était les autres, ce n’est pas eux. L’ignorance. L’ignorance aussi de certaines jeunes filles qui se sont pensées protégées par leur virginité, parce que c’était des filles de bonne famille. Le silence. Le silence aussi de certaines familles qui ont continué à faire pareil, comme si ça n’existait pas finalement. Et donc, qui ont continué comme si de rien n’était. Je remercie pour cette occasion-là, le docteur Denis Méchali de l’hôpital de Lafontaine, du service des maladies infectieuses… (applaudissements) de m’avoir fait connaître le Comité des Familles pour survivre au sida. C’est une association riche. Riche de tous ses membres qui portent une expérience et un savoir-faire précieux pour agir en santé publique et en prévention. Elle est composée de femmes et d’hommes, prêts à parler, à parler à tous, pour susciter une véritable prise de conscience. Qui sont prêts à aider. À aider notamment les malades. Qui sont prêts à transmettre aux jeunes cette histoire qu’ils ne connaissent pas, cette histoire pour ne pas oublier… pour faire bénéficier de leur expérience, ceux qui ont vécu la maladie. C’est pourquoi ici, c’est ici à la Maison de la Jeunesse que cet événement trouve du sens. Donc, grâce au soutien des élus, aux moyens des directions, aux efforts de toutes les équipes qu’on a citées toute à l’heure. Et du côté des associations leur présence était indispensable aussi : comme Ikambere ou l’ASBE. Donc, cette journée, elle est à mon sens, faite pour faire reculer le déni, l’ignorance et le silence. Merci à vous. (applaudissements)

Reda : Prise de parole de Samira Guedichi qui travaille au sein de la mairie de Saint Denis sur l’unité santé-ville, et qui vraiment nous a accompagnés dans tous les préparatifs, qui a soutenu ce Méga Couscous des Familles.

Transcription : Yentl Coubes