Du sang dans le champagne du Sidaction

Réda : Le 5 mars dernier, c’était la soirée de lancement de Sidaction, c’était au Casino de Paris, et tout avait été fait pour qu’il y ait une belle unanimité, c’est-à-dire Pierre Bergé, Line Renaud, avec réunies des associations financées par Sidaction, des salariés payés par Sidaction ou par des associations qui sont elles financées par Sidaction, et des journalistes dont les patrons de chaînes sont partenaires de Sidaction. Et malgré tout ça, il y’a eu d’une part, un petit reportage qu’on va écouter, c’est StreetPress.com, et je vous invite à aller regarder la vidéo sur le site c’est encore plus rigolo, et aussi la réaction d’une maman concernée par le VIH face à tout ce qui était étalé à l’occasion de cette soirée. Donc on écoute d’abord le petit reportage et on en parle après.

(début du son)

— Je crois qu’il y a beaucoup de gens qui viennent pour le champagne…
— Il y a une dizaine de cartons déjà… oh bah tout va y passer.
— Le champagne et le Sidaction, les deux vont ensemble…
— On est là pour la cause du sida, avant tout.
— Est-ce que vous pensez qu’il y a une majorité de pique-assiettes ce soir ?
— Absolument pas.
— Le champagne est bon et les rapaces du buffet sont coriaces.
— Je ne sais pas, je ne fais que le tenir histoire de dire que j’ai bu.
— Lui il est venu pour manger, moi je suis venu pour supporter le sida.
— Tu sais que c’est marrant là ce que tu me poses comme question, parce qu’on est en train de s’affliger là-dessus depuis toute à l’heure.

(fin du son)

Réda : Donc ça c’est encore plus marrant en vidéo sur StreetPress.com, par exemple la fille qui dit bah moi je suis là pour le sida et du coup la caméra se braque : elle a deux verres de champagne dans les mains, elle est un petit peu embarrassée… Alors question autour de la table entre Vincent Pelletier et Renaud Delacroix d’Aides, est-ce que l’un ou l’autre vous étiez à cette soirée de lancement au Casino de Paris ?

Vincent Pelletier (Directeur-général de AIDES, membre du Conseil administration de Sidaction) : non.

Renaud Delacroix (salarié de AIDES, syndicaliste) : non, non plus je n’y étais pas.

Réda : Non plus ? comment ça se fait ?

Vincent Pelletier : J’étais invité, mais je ne pouvais pas ce soir-là.

Renaud Delacroix : Moi je n’étais pas invité, j’ai découvert l’existence de cette soirée en regardant le site… StreetPress.

Réda : Quelle impression ça vous a laissé ?

Renaud Delacroix : J’étais amusé quoi moi aussi… et c’est révélateur d’une certaine réalité, c’est sûr.

Réda : Laquelle ?

Renaud Delacroix : Euh… c’est le titre de la vidéo je crois… c’est comment le titre de la vidéo déjà ?

Réda : « Le Sidaction et champagne »… ou « le champagne pour lutter contre le sida » je crois…

Renaud Delacroix : Voilà, quelque chose comme ça.

Réda : Tina était à cette soirée de lancement… ça m’étonne !

(rires)

Tina : Oui j’ai trouvé en tout cas qu’il y’avait très peu de gens qui étaient venus pour poser de vraies questions… par chance le Comité était là et a interpellé Pierre Bergé sur des questions essentielles pour le Sidaction…

Réda : Sur la transparence et puis sur s’il démissionnerait si le Sidaction cette année fait un bide suite à ses attaques contre le Téléthon… est-ce qu’il démissionnerait de la présidence.

Tina : Voilà… et aussi un point de vue que je partage, c’est le côté médiatique du Sidaction… qui est toujours celui de reprendre des images des années 1980, où proches des années 1980, pour faire peur et pour inciter les gens à donner plutôt que de montrer le vrai visage de ce qu’est le VIH aujourd’hui pour lutter contre la stigmatisation.

Réda : Sully Bidois a rencontré Zina, une maman séropositive… elle a deux enfants, tous les deux sont en parfaite santé.

(début son)

Sully : Qu’est-ce que tu as pensé de cette ouverture ?

Zina : Rien de très positif en fait, je trouvais que ça puait, ça puait les paillettes. Pour moi le Sidaction à la base c’est pour défendre une cause humanitaire, et là c’était ce que j’appelle moi… des fausses valeurs avec des paillettes, des stars, tout plein de tralalas. J’ai été choqué de voir qu’il y avait deux pseudo stars de (Secret story)… qui étaient là juste pour se faire photographier par les photographes et ça criait dans tous les sens… Je me suis dit que je ne voyais pas trop l’utilité de tout ça… et tout ça pour moi c’est vraiment le monde superficiel et je trouve ça dommage quoi, parce que défendre une cause comme le sida… rien ne doit être superficiel, et là j’ai trouvé que ça puait vraiment tout ça ! Et puis en plus j’ai été très frustrée parce que euh… donc ils nous ont fait leur blabla et après on pouvait poser des questions… Le problème c’est que quand on pose une question on peut pas argumenter… il n’y a pas d’échange. Je trouve ça un peu facile quoi, c’est tout prédéfini dans le sens où tout le monde est pour le Sidaction et si toi tu trouves qu’il y’a des choses qui te choquent, que tu n’es pas d’accord avec certains trucs, tu t’exprimes puis c’est tout… il n’y a pas d’échanges, on n’est pas écouté et ils étaient là juste pour nous faire leur blabla, pour après faire un super buffet et avec plein de gens sur leur 31… je ne comprends pas quoi. Pour moi c’est pas comme ça qu’on défend une cause. Ces stars, elles sont venues parce que ça fait bien pour l’image… voilà on va défendre une cause, alors il y en a c’est le sida, d’autres c’est le orphelins… parmi ces célébrités qui choisissent de défendre des causes humanitaires, il y’en a très très peu qui s’investissent vraiment avec leur cœur… la plupart soigne leur image donc ça en vient à ce que je disais toute à l’heure : tout est faux, les fausses valeurs, les paillettes, les « j’me montre » et ça fait bien et on va se dire « ah Line Renaud elle est vachement bien comme femme quand même ! »… ça pue les paillettes, ça pue les fausses valeurs, ça pue le « m’as-tu vu », ça pue tout ce que je déteste en fait ! »

(fin du son)

Transcription : Yentl Coubes