Financement de la lutte contre le sida | France Lert | Philippe Séguin
L’avis de France Lert sur le rapport de la Cour des comptes, qui déplore la faiblesse de la politique de prévention du sida
18 février 2010 (lemegalodon.net)
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Sandra : Il y a 33 pages en fait, donc on va faire court. Donc juste relever ce point sur la prévention. La Cour des Comptes dit que le ministère de la santé a une politique de prévention faible. 54 millions d’euros pour faire principalement des campagnes de communication, donc c’est-à-dire, je pense aux affichages, aux clips de prévention, et l’autre partie pour des subventions aux associations 23 millions d’euros. Et donc la Direction Générale de la Santé, la DGS et les Groupements Régionaux de Santé, les GRSP verse aussi des aides financières aux associations mais le problème c’est que les subventions aux associations continuent d’être attribuées de manière déconcentrées, dont le montant a été a priori réduit et en plus, il n’a pas pu être indiqué par la Direction Générale de la Santé. Tout comme les dépenses de la GRSP, consacrées spécifiquement à la prévention VIH/sida et à l’accompagnement des personnes infectées sont imparfaitement connues et aussi insuffisamment exploitées par la DGS. Donc là c’est un peu flou en fait.
Reda : Donc la DGS n’a pas pu répondre à la Cour des Comptes pour expliquer exactement comment elle dépense l’argent c’est ça ?
Sandra : Voilà, c’est très flou.
Reda : Mais ce que moi je me rappelle surtout c’est la disproportion c’est-à-dire sur tout l’argent qui est dépensé pour la lutte contre le sida, en fait la part consacrées à la prévention est extrêmement faible, c’est dérisoire, c’est beaucoup d’argent pour nous mais c’est quelques dizaines millions d’euros sur un budget de plus d’un milliard. C’est bien ça ?
Sandra : Oui, c’est ça. C’est ça que critique la Cour des Comptes, que la part consacrée à la prévention est extrêmement faible.
Reda : Alors France Lert s’intéresse non seulement aux conditions de vie des personnes séropositives mais elle est aussi co-auteur de ce rapport avec Gilles Pialoux, réalisé à la demande de cette mission qui a été mise en place à la demande de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé. Qu’avez vous à dire sur cette disproportion entre l’argent consacré au sida de manière générale et ensuite la part infime qui va vraiment à la prévention du VIH ?
France Lert : Alors, la prévention d’une façon générale, quelque soit le domaine pathologie, c’est beaucoup moins cher que les traitements et que les soins médicaux dans la mesure où il y a le coût du médicament, il y a le coût du personnel, il y a le coût de la biologie et on a à faire à des personnes qui sont malades, qui sont malades pendant longtemps et donc c’est normal que ça coûte cher. Moi je ne suis pas tellement favorable à ce qu’on oppose la prévention et le soin. Le soin, on est plutôt actuellement au contraire dans une stratégie de rationnement par les pouvoirs publics, des dépenses de soins par tous les moyens en reportant sur les familles, tout un tas de dépenses de santé et c’est 25% aujourd’hui et c’est tout à fait scandaleux. Même si ce sont les mutuelles. Les mutuelles ce sont les gens qui les payent. Et donc de toute façon, moi je ne critique pas le volume des soins parce que je pense, ces soins sont absolument indispensables, en matière de prévention, c’est vrai que les dépenses sont relativement faibles au regard de ces montants très importants pour les soins. Mais je crois que ce dont il s’agit aujourd’hui c’est de maintenir cette dépense parce que de toute façon, au-delà d’un certain niveau, ce qu’on fait est finalement noyé s’il n’y a pas une espèce de masse critique suffisante. Mais ce que je crois c’est qu’il faut aujourd’hui le focaliser et c’est le sens de notre rapport, le focaliser sur un certain nombre d’enjeux et de cible, qui vont nous permettre de faire baisser les nouvelles contaminations, et aujourd’hui c’est vrai que la prévention et le soin, les soins se rejoignent, dans ce que nous, nous appelons la prévention positive c’est-à-dire la prévention des personnes qui vivent avec le VIH. Donc ce qui est important aujourd’hui c’est de, affirmer le principe qu’on maintiendra une forte activité de prévention dans le domaine du VIH mais qu’on va la renouveler avec les connaissances qui ont été apportées récemment et dont vous avez rendu compte notamment avec les apports de la commission suisse du sida qui ont affirmé le rôle du traitement dans la prévention, c’est autour de ces nouveaux enjeux qu’il faut restructurer la prévention et quant à la Cour des Comptes, elle s’adresse à l’Etat, elle s’adresse au gouvernement, elle s’adresse à la façon de vouloir gérer les pouvoirs publics et je pense que nous les acteurs de terrain, on doit rester à distance des points de vue de la Cour des Comptes, qui a de toute façon des point de vue négatif sur absolument tout.
Transcription : Sandra Jean-Pierre