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Réaction d’une future infirmière au témoignage d’Ariane, maman séropositive humiliée lors de son accouchement

7 janvier 2010 (lemegalodon.net)

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La question des discriminations envers les femmes séropositive est préoccupante. À l’occasion de la conférence de presse "Les visage de l’épidémie" du 27 novembre 2009 à la Maison des Familles, plusieurs femmes ont raconté les difficultés rencontrées surtout lorsqu’elles sont devenues mamans. Ariane a témoigné sur les conditions dans lesquelles elle s’est retrouvée après son accouchement :

Je me présente. Je suis Ariane. J’ai 31 ans et je maman de deux enfants. Mon fils a deux ans et ma fille a quatre ans. J’ai été diagnostiquée séropositive à l’âge de 20 ans. Je vis avec le père de mes enfants qui est séronégatif. Je pense que le projet Madeleine, ce n’est pas seulement faire de la prévention, ça peut vraiment nous rendre service en aidant les jeunes à comprendre ce que c’est qu’une personne séropositive et à ne pas avoir peur d’en rencontrer. Aujourd’hui, c’est vraiment le problème qu’on vit, celui de se cacher parce qu’on a peur des discriminations dans tous les milieux et même les milieux médicaux. Je souhaite témoigner personnellement d’une expérience que j’ai eu lors de l’accouchement pour la naissance de mon fils. J’étais suivie dans un hôpital à Strasbourg. J’ai eu une césarienne pour mon accouchement, donc on a fait des soins pour ma cicatrice. On a déposé dans ma chambre un grand bac rouge rempli de produits chlorés, tout le matériel utilisé pour soigner ma plaie était déposé dedans et c’était à la vue de tous ceux qui venaient me rendre visite. On m’a demandé de désinfecter la poche de glace que je mettais sur ma cicatrice dans ce bac à eau chlorée. Bien sûr, j’ai refusé étant donné les produits et on m’a gentiment proposé une paire de gants pour désinfecter cette poche. On m’a servi mes repas dans une assiette et des couverts en plastique. Le plateau devait rester dans ma chambre en attendant de recevoir un "coup d’éponge" sans qu’il doive ressortir de la chambre. Cette histoire s’est passée en 2007. Cette expérience-là m’a vraiment beaucoup blessée et humiliée. Cette expérience-là ne m’encourage pas du tout à en parler dans mon entourage puisque même dans le milieu médical, on rencontre ce genre de problème de la désinformation sur les risques réels de la contamination, je me dis que dans la population en général, il y a encore beaucoup de travail à faire. C’est pour ça que je pense que c’est intéressant et important pour nous, personnes séropositives, d’expliquer ce que l’on vit et que c’est tout à fait possible de vivre avec ces personnes, d’avoir des enfants avec une personne séronégative en prenant toutes les précautions pour ne pas contaminer l’enfant ni ses proches. J’espère que j’ai au moins pu faire passer un message.

Ariane a été traitée comme si une personne vivant avec le VIH nécessitait ces mesures de protections à l’égard des autres alors que ça n’est pas du tout le cas. Ses deux enfants sont séronégatifs et ça fait parti des bonnes nouvelles des progrès de la médecine. Pourtant, dans un service hospitalier, des soignants l’ont traitée comme si elle était une pestiférée, comme si c’était une maladie qui pouvait se transmettre avec des couverts alors qu’il n’y a aucun risque pour une maman après son accouchement de transmettre la maladie à qui que ce soit. Parmi les lycéens qui étaient à la conférence de presse, il y avait des lycéennes qui avaient pour vocation de devenir elles-mêmes soignantes. Voici une réaction au témoignage d’Ariane :

Une lycéenne, future infirmière : Ça m’a choqué de savoir que dans le milieu médical, il y avait de la discrimination parce que pour certaines d’entre nous, notre projet c’est d’être infirmière et ça choque un peu de savoir qu’il y a des sages-femmes et des infirmières qui réagissent comme ça.

Reda : Quel bilan on peut en tirer de tout ça ?

Tina : On peut avoir espoir en la jeunesse, d’une part en leur expliquant bien avec des témoignages de personnes vivant ce genre de discriminations et d’autre part, en leur expliquant bien la réalité des risques. Peut-être que les mamans séropositives qui vont accoucher dans les années à venir vont être traitées avec dignité et respect, pour ne pas entendre dans cinq ou dix ans des mamans qui nous racontent les mêmes discriminations. C’est incroyable qu’une personne ayant fait une formation sur plusieurs années n’est toujours pas compris les modes de transmissions du VIH. C’est vraiment nul !

Ousmane : À entendre cette élève parler, je pense que dans les années à venir, si elle tient à être infirmière, les mamans séropositives n’auront pas ce problème-là. On sent qu’elle veut faire ce métier avec conviction et le malade sera bien pris en charge mais si c’est juste pour avoir une situation, ce n’est pas pareil. Je me dis qu’elle a dû tomber sur des infirmières ou des sages-femmes comme cela.