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Marc Payet | Médias et communication | Philippe Duley | Pouvoir médical | Vaccin préventif | Vaccin thérapeutique

Quand le Parisien annonçait le vaccin contre le sida : autopsie d’une fausse bonne nouvelle

2 octobre 2009 (lemegalodon.net)

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Reda : Alors Joël l’a rappelé c’était le 12 février 2003, titre du parisien « Enfin le vaccin contre le sida » . En fait il n’en est rien. Il s’agit des résultats d’un essai pour un essai thérapeutique rapporté par Yves Levy de l’ANRS. Alors qui a manipulé qui dans l’histoire. Ce n’est pas très clair, puisque l’enjeu c’est aussi de faire croire que le vaccin c’est pour demain, pour garantir que les pouvoirs publics que les laboratoires continueront à financer la recherche. J’avais eu donc l’occasion en février 2003 ou plutôt en mars 2003 d’appeler les deux journalistes, Marc Payet qui avait rédigé l’article du parisien et son chef, le directeur de la rédaction, Philippe Duley. Compte rendu pour mémoire, sorti des cartons de l’émission. Voici l’extrait de mon échange avec, on va dire un échange d’amabilité avec Marc Payet.

Début du son

Marc Payet : France soir le titre du lendemain, vous avez une interview de Luc Montagnier, le titre « Sida, l’espoir formidable d’un vaccin. » Et Libé le lendemain, parce que moi j’ai vu les gens d’Act-up, ils m’ont dit jamais Libération titrera là dessus. Le lendemain Eric Favereau un journaliste que je connais très bien, excellent journaliste, a titré, vous savez ce qu’il a titré ? Allô ?

Reda : Je ne me souviens pas...

Marc Payet : Bah voilà moi je vous dis Libération « Un vaccin pour traiter le sida passe les tests » Est-ce que pour traiter le sida vous trouvez pas que c’est curatif ?

Reda : Écoutez ça, c’est...

Marc Payet : On est d’accord ou pas ?

Reda : Oui enfin...

Marc Payet : Un journaliste quand il est attaqué, il doit se défendre, il doit expliquer que les autres ont eu la même interprétation que lui, que c’est pas un procès en intention évidemment.

Fin du son

Reda : Alors donc pour ce journaliste, il ne pouvait pas être dans le tort, puisque d’autres journalistes, d’autres journaux, ont fait pareil. J’ai donc appelé son chef, Philippe Duley. Donc là on est en mars 2003. Mais c’était le même syndrome que maintenant, c’est-à-dire le vaccin c’est pour demain alors que le vaccin contre le VIH, bah les gens qui savent, qui ne sont pas là pour défendre leur budget disent que c’est pour au mieux dans 15 ans. Alors Philippe Duley directeur de la direction du Parisien joint par téléphone, petit extrait du morceau choisit là aussi.

Début du son

Reda : Donc le titre du parisien était " Enfin un vaccin pour les malades du sida "

Philippe Duley : Oui

Reda : J’avais un petit nombre de questions à vous poser sur...

Philippe Duley : Je suis en réunion là, donc qu’est-ce que vous souhaitez savoir ?

Reda : Pourquoi vous avez utilisé le mot vaccin curatif, qui n’est pas mentionné dans la communication de l’ANRS et en particulier étant donné que le statut de...

Philippe Duley : Attendez de quoi vous parlez ? De la une du journal ? Ou de l’intérieur ?

Reda : De la une du journal et de l’intérieur.

Philippe Duley : L’intérieur c’est moi, donc tout ce qui est titré à l’intérieur est une vérité, sur le rapport, etc. Vérifié par les confrères le lendemain. Et tout ce qui est la une faut appeler la direction de la rédaction qui décide des choix de la une, voilà.

Reda : Mais quand vous avez eu le papier de Marc Payet où il écrit la plus grande épidémie du siècle est en train d’être enrayé...

Philippe Duley : Non non, ce n’est pas le genre du parisien, on n’a pas 2 millions de lecteurs par hasard tous les matins. Il y en a un qui marche, on n’écrit pas des bêtises tous les matins. Il y avait une annonce de vaccin curatif sur le sida, qui n’a d’ailleurs pas du tout été démenti au contraire, qu’on a révélé en exclusivité et jusqu’à preuve du contraire, il y a vraiment des travaux à ce niveau-là qui sont un vrai espoir à terme. Ils ne disent absolument pas que ce n’est pas pour demain matin. Évidemment je ferais le même papier aujourd’hui, je le referais de la même façon.

Fin du son.

Reda : C’était Philippe Duley, directeur de la rédaction du parisien qui commentait un article titré : « Enfin le vaccin pour les malades du sida » . Il a dit effectivement qu’il était prêt à récidiver, et toute la presse l’a fait la semaine dernière autour de cet essai vaccinale Thaïlandais. J’aimerais vous demander vos réactions autour de la table et puis peut-être sur le live, sur le site survivre au sida.net. Voilà, si ce petit extrait, donc il parle très franchement, pourquoi ils font ces choix-là.

Joël : Oui moi je pense qu’à un moment donné, c’est un peu ce que je disais tout à l’heure, c’est... Il y a une course effrénée à la pub et à ce qu’on appelle à la... À la une qui va faire vendre un moment donné c’est...

Reda : Oui, on ne peut pas en faire moins que les collègues quoi.

Joël : Voilà c’est ça, je pense qu’à un moment donné, il y a une espèce d’emballement qui se crée, qui ensuite, comme ça été dit tout à l’heure, relayé par le ministère de la santé qui revient mettre une couche là dessus, et enfin de compte, on nous noie dans ces informations, avec des espoirs qui sont enfin de compte que des désespoirs.

Reda : Moi j’aimerais demander, interpeller, Larissa qui est avec nous, qu’est-ce que tu penses de cette histoire, et du rôle des médias, là-dedans. Qui est responsable ou qui est coupable ? Médecins ou journalistes ?

Larissa : Moi j’étais un peu déconnectée, je n’ai pas tellement suivi le journaliste, mais en fait, par rapport à la responsabilité, je crois que ça situe vraiment au niveau des journalistes en fait, puisque c’est eux qui ont la faculté je veux dire d’embellir des choses. En fait s’ils prennent un morceau, ils embellissent comme ils veulent, donc c’est ça qu’ils doivent arrêter. Ça donne des fausses illusions et puis voilà. Un moment donné on ne sait plus à quoi s’en tenir.

Reda : Moi ce qui m’a choqué c’est pour moi, un vaccin qui a, qui est sans intérêt pour les personnes séropositives c’est un peu un vaccin qui est sans intérêt tout simplement. Et ce que j’ai entendu dans le commentaire de Jean-Daniel Lelièvre c’est quand même que quelque part dans cette histoire-là, s’il y a un résultat positif pour les séronégatifs, je ne veux pas faire trop de jeux de mots, les séropositifs deviendront alors une quantité négligeable. Style c’est dommage pour eux, ils ont été contaminés avant, avant qu’il y ait le vaccin, et moi ça, ça me choque. Cette façon de voir les choses. J’aimerais demander à, ouais alors il y a Sandra qui a des commentaires, des réactions, qui sont sur le live survivreausida.net.

Sandra : Oui alors il y a Alexandra qui dit « les journalistes, ce qu’ils veulent c’est l’exclusivité, ils s’en foutent du reste » et Ben qui rajoute « qu’ils veulent vendre juste les journaux » .

Transcription : Sandra Jean-Pierre