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Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional Ile-de-France : « Ce n’est pas convenable » d’amputer les crédits de la Journée mondiale contre le sida

9 juin 2009 (lemegalodon.net)

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« Nous, nous ne sommes pas en charge de ça ! » s’exclame Jean-Paul Huchon président du conseil d’Ile-de-France concernant le financement de la Journée Mondiale de lutte contre le Sida (JMS) 2009. Le Groupement régional de santé publique (GRSP), financé par l’État, les collectivités territoriales et la Caisses d’assurance maladie, a décidé de réduire de 50% les crédits de la Journée mondiale de lutte contre le sida passant de 200 000 euros en 2008 à 100 000 euros en 2009.

Alors, qui a décidé de soustraire 100 000 euros à cette Journée célébrée dans le monde entier, symbole de la volonté politique d’en finir avec le sida ? Jean-Paul Huchon plaide non coupable, car la Région n’a « jamais financé la journée du 1er décembre ». Pénélope Komitès, conseillère technique de M. Huchon, réaffirme : « Le Conseil régional n’intervient pas dans cet appel à projets spécifique ni dans les financements qui lui sont alloués ». Il se défend en rappelant que la région, qui n’a jamais financé cette Journée, soutient l’action du Centre régional d’information et de prévention du sida (CRIPS) Ile-de-France (3 763 000 € en 2009) et le festival annuel « Solidays » (800 000 € en 2009).

Selon M. Huchon, le problème viendrait de la diminution du budget de l’État en général pour faire face à la crise « les crédits de l’État ont baissé de moitié, et c’est comme ça dans beaucoup de domaines et avec beaucoup d’associations ». La région Ile-de-France aurait, selon lui, pris une autre position afin de lutter contre la crise : « les moyens » auraient été « augmentés, plutôt que diminués ». Il rappelle d’ailleurs que « c’est un pari risqué que l’on prend parce qu’un jour ou l’autre, les collectivités locales, comme l’Etat aujourd’hui, vont être rattrapées par les problèmes financiers. Mais nous maintenons le travail, surtout dans ce domaine où vraiment, si nous ne sommes pas là, il ne se passe pas grand-chose. »

Est-il acceptable d’amputer les crédits d’État consacrés à cette Journée ? Jean-Paul Huchon réagit avec une certaine prudence : « Ce n’est pas convenable. Si on était dans une période où il y avait vraiment une diminution de la maladie, une prévention très réussie, etc… Mais ça n’est pas le cas ! On voit bien qu’il y a toujours énormément de progrès à faire. On est face à une maladie qui pour le moins stagne, et dans certains secteurs se développent, notamment par rapport aux hétérosexuels et aux femmes, en particuliers aux femmes des pays africains. »

Va-t-il intervenir pour dénoncer cette amputation ? Huchon hésite, car il vient d’en prendre connaissance, malgré le fait que le Conseil régional, représenté par sa vice-présidente Francine Bavay, siège au sein même du Conseil d’administration du GRSP qui a voté la baisse des crédits de la Journée. « D’une manière ou d’une autre, on va poser le problème », promet-il, en évoquant un « colloque » organisé à l’automne avec Jean-Luc Roméro et en généralisant : « C’est la question de la diminution du budget de l’Etat en général. Ils [L’État] ont décidé de réduire les moyens des associations, et nous, petit à petit, on est obligé de reprendre le relais, voilà ce qu’il se passe ».

Qu’en pensent les personnalités réunies pour la conférence de presse de Solidays au siège du Conseil régional où M. Huchon a été interpellé ? Après avoir écouté les explications de M. Huchon, le président d’honneur de l’association Solidarité Sida, Antoine de Caunes, déclare : « Je suis d’accord avec Huchon. Je pense que c’est les derniers budgets qu’il faut toucher, parce qu’on parle de budgets qui viennent en secours à des gens qui sont dans une détresse totale »...

Mais alors, qui a donc pris la décision d’amputer la moitié du budget de cette Journée, symbole de la volonté politique d’en finir avec le sida, dans la région la plus touchée de France ? Au ministère de la Santé, Elisabeth Dohin, conseillère technique de santé et de prévention du cabinet de Roselyne Bachelot, que nous avons joint lundi, a fait suivre notre demande « aux services compétents ». Nous attendons toujours une réponse à l’heure qu’il est. À l’Élysée, Raphaël Radanne, conseiller technique santé, n’a, jusqu’ici, pas souhaité répondre à nos questions et Grégoire Verdeaux, qui conseille Carla Bruni-Sarkozy dans son action de lutte contre le sida, serait actuellement en déplacement à Washington...

Arthur Attal et Marjorie Bidault

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