Drogues et réduction des risques (RDR) | Hépatite C (VHC) | Pierre Chappard
Marjorie et Arthur ont visité la salle de shoot virtuelle d’Asud
3 juin 2009 (lemegalodon.net)
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Hélène : Dans l’actualité aussi, Marjorie et Arthur on vous a retrouvé la semaine dernière dans une salle de shoot ! Alors deux questions nous viennent à l’esprit, la première : qu’est-ce qu’une salle de shoot ? et le problème c’est que j’en ai une petite idée, donc j’aimerai savoir qu’est-ce que vous faisiez là-bas ?
Arthur : Oui Hélène, effectivement nous avons passé la semaine dernière un après-midi dans la première salle de shoot parisienne. Alors en quelques mots une salle de shoot c’est un lieu où les usagers de drogues peuvent consommer leur drogue dans de bonnes conditions sanitaires avec par exemple des seringues stériles. Donc la première salle de shoot dans le monde a ouvert en Suisse dans les années 80, en France elle vient juste d’ouvrir à Paris. Ce n’est pas légal et donc c’est éphémère. c’est une initiative de l’association Asud, et on écoute Pierre Chappard l’un des responsables.
Pierre Chappard : On a fait un tel coup pour alerter les pouvoirs publics et les politiques sur l’épidémie de VHC et sur les milliers de morts dans l’indifférence générale, parce que pour nous l’épidémie d’hépatite C est révélatrice de comment la société traite les usagers de drogues, c’est-à-dire dans l’indifférence générale. Les salles de consommation en elles-mêmes ne vont pas résoudre le problème de l’hépatite mais elles proposent une autre relation qu’il y a maintenant entre les usagers de drogues et la société, une relation pacifiée, intégrée dans le milieu urbain : ils ne se shootent plus n’importe où, dans la rue, dans les cages d’escaliers, entre deux voitures, mais ils ont un endroit où ils peuvent s’injecter ou sniffer d’ailleurs, ou fumer avec le plus de sécurité possible et en prenant le moins de risque possible par rapport au VIH, par rapport au VHC, par rapport aux overdoses, aux infections.
Mais ça a aussi le mérite par rapport au voisinage de pacifier le rapport avec ce dernier parce que le voisinage ne va plus voir des usagers qui se shootent devant eux, ne va plus voir de matériels traîner ; et les usagers en même temps ne vont pas prendre le risque de se faire chopper par les policiers, pas prendre le risque de s’injecter vite. Ça à plein plein d’avantages. Ca un avantage de plus pour les professionnels qui peuvent entrer en contact dans un lieu privilégié, dans un moment privilégié avec les usagers de drogues, et ça permet de toucher des usagers de drogues qui ne sont actuellement pas touchés par le système de la réduction des risques, par le système du soin.
Marjorie : Quel type de population allez-vous accueillir ? Allez-vous accueillir des personnes en ce qui nous concerne atteintes par VIH ? Est-ce que vous leur demandez leur nom, est-ce que vous vous intéressez également à leur statut sérologique ?
Pierre Chappard : Alors, à Quai 9 (NDRL : salle de shoot de Genève, Suisse) en tout cas c’est anonyme et gratuit, bien sûr que les personnes qui ont le VIH sont les bienvenues, comme les personnes qui ont le VHC, comme n’importe qui. Et oui, on peut leur demander leur statut sérologique mais ça serait plus pour entamer un parcours de soin après, et c’est plutôt le médecin qui le fera dans la salle médicale, mais ce n’est pas ici ce n’est pas dans cette salle de consommation, c’est plutôt quand ils auront un rendez-vous, s’ils le demandent, avec le médecin.