Skip to main content.

Financement de la lutte contre le sida | Fonds mondial contre le sida | Les stars et le sida | William "Bill" Gates

Qu’a apporté la Fondation Gates à la santé du monde ?

19 mai 2009 (The Lancet)

| Votez pour cet article

Toutes les versions de cet article : français English

Voir en ligne : What has the Gates Foundation done for global health ?

Pour répondre à cette question, on peut dire beaucoup de choses, mais :

L’impulsion massive en financement donnée par la Fondation Bill Melinda Gates depuis sa création en 1984 est étonnante. Le niveau de financement de l’ordre de 3 milliards de dollars US annuels a poussé le monde à voir grand et à être plus ambitieux à propos de ce qui peut être fait pour sauver des vies dans les pays à bas revenus. La Fondation Gates a amené une dynamique nouvelle et un intérêt pour la santé mondiale. En particulier, la Fondation a inauguré une nouvelle ère importante d’engagements scientifiques à propos des difficultés de la santé du monde. Ainsi, d’autres institutions bien établies comme le US National Institutes of Health prend maintenant ses responsabilités bien plus sérieusement grâce au plaidoyer énergique de la Fondation. Il est possible que le plus important est le profond engagement politique en santé que la Fondation a encouragé.

Nombreux sont les succès attribuables à la Fondation. L’Alliance Globale pour la Vaccination et l’Immunisation qui a reçu un don initial de 750 millions de dollars US en 1999, a été la plus importante contribution d’un donateur seul à ce jour. A cela, on peut ajouter l’investissement de la Fondation dans l’Institut d’Evaluation et de Mesures de la Santé basé à Seattle, qui, au cours de sa courte vie, a marqué d’un impact certain la réflexion et la politique internationales, agissant comme un moniteur scientifique indépendant de valeur des programmes de santé du monde.

Cependant, hors des questions sur ses investissements, la Fondation a reçu peu d’analyses extérieures de son action. L’an dernier Devi Sridhar and Rajaie Batniji ont rapporté que la Fondation a accordé la plupart de ses dons à des pays de revenus élevés. Ses dons pour la malaria et le SIDA connaissent des biais importants, alors que la tuberculose, la santé maternelle et infantile ont reçu peu d’investissements, la nutrition avec des maladies chroniques étant totalement absente de son portefeuille. Dans le Lancet de ce jour, David McCoy et al ajoute à cet état de fait en évaluant les dons de la Fondation pour les années 1998 - 2007. Leur étude montre encore plus fermement que les dons de la Fondation ne sont pas en rapport du poids supporté par les plus pauvres. Dans son commentaire, Robert Black et al s’alarment de la faible corrélation entre les dons de la Fondation et les priorités en santé des enfants.

L’inquiétude exprimée par nombre d’experts ayant travaillé longtemps dans les pays de faibles revenus est que les grands programmes de santé sont perturbés par les impressionnants dons de la Fondation. Ainsi, se focaliser sur la malaria dans les zones où d’autres maladies sont plus dangereuses est la source d’incitations perverses et dangereuses pour les politiciens, les décideurs et les personnels de la santé. Dans certains pays les précieuses ressources de la Fondation sont gaspillées et détournées de besoins plus urgents.

La transparence des activités de la Fondation est aussi une autre cause d’inquiétude. Quels sont les plans futurs de la Fondation ? Il est difficile d’en être certain. Le principe de base qui détermine toute décision est que tout est mené en fonction des intérêts et de la passion de la famille Gates. Une lettre annuelle de Bill Gates résume ses passions, en se référant à des articles de presse, à des livres, et à des événements apparus au hasard qui ont dessiné la stratégie de la Fondation. Un investisseur aussi grand et influent dans la santé peut-il se contenter de principes de gouvernances aussi erratiques ? De quels conseils la Fondation s’est-elle entourée pour prendre s Fondation a la réputation de ne pas même écouter ses amis.. Bien qu’elle soit menée par la croyance que toutes les vies ont la même valeur, il semble que la Fondation ne croie pas que chaque voix est de valeur égale, en particulier celles de ceux qu’elle souhaite le plus aider.

Nous faisons cinq modestes propositions à la Fondation. En premier, améliorez la gouvernance. Clairement, impliquez des leaders divers avec une expérience en santé globale dans votre service stratégique et opérationnel. En second, soyez plus transparent et responsable dans votre processus de décision. Expliquez votre stratégie ouvertement et modifiez la à la lumière de preuves et d’avis. Troisièmement ; préparez un plan de donations plus en ligne avec le poids de la prévalence des maladies, tenant plus compte des besoins de ceux qui souffrent le plus. Quatrièmement, investissez plus dans les systèmes de la santé et la capacité de recherches des pays à bas revenus, pour laisser une empreinte marquée de votre engagement. Enfin, écoutez et préparez-vous à vous engager avec vos amis. Le Lancet est désolé de voir que vous avez décliné l’invitation qui vous a été faite de répondre au papier de McCoy et al, tout autant que d’informer de la vision de votre rôle dans la santé du monde.

La Fondation Gates a déclaré être prête à revoir ses principes pendant qu’elle grandit et en apprend plus sur son travail. Nous sommes à un point d’inflexion de l’histoire de la Fondation, un moment où il faut envisager des changements.

Merci à Charles Rambert pour la traduction.