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Tania, maman d’un enfant séropo : « Comment vit-on avec le VIH ? Comme l’acrobate sur son fil ! »
14 janvier 2009 (lemegalodon.net)
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En préambule du débat entre Bruno Spire et Reda Sadki, Nabila présente ce courrier de Tania, qui témoigne de son parcours face à la maladie.
Merci de prendre en considération notre parole, nous qui vivons avec ce colocataire depuis plus ou moins longtemps.
Je suis une femme, une maman. La vie m’a offert mon fils en cadeau, en même temps que la mort, en 1990. Et j’ai partagé avec lui ce poison. Nous avons perdu le papa sur notre route ou plutôt, il a décidé de nous quitter, de quitter la vie, le poids de la contamination étant trop lourd pour lui en plus de sa toxicomanie. C’était en 1997.
Nous vivons avec mon compagnon séronégatif depuis 2005. Le combat a été difficile, et parfois la fatigue de cette lutte pèse lourdement sur nos sourires. Mais nous sommes vivants.
Des portes qui se sont fermées, nous en avons vus. Mais d’autres sont restées ouvertes malgré le mot VIH. Nous faisons partie des privilégiés, quasiment peu d’effets secondaires. Mais pour vivre heureux, vivons cachés. C’est une leçon que l’on a appris. La ville ou la campagne, ça n’a pas vraiment d’importance. Des personnes qui ont du cœur, il y en a partout. Mais des craintifs ignorants aussi.
On ne veut plus avoir mal. Qu’on nous laisse vivre en paix. Je peut dire ça : j’ai 40 ans, mais mon fils en a 18. Comment peut-on traverser l’adolescence, les premières relations. Déjà, avec un esprit et un corps sains c’est dur… Alors avec ce poids en plus !
Merci pour le soutien de Solensi, ce sont des anges. Paris-Marseille, même combat.
Comment vit-on avec le VIH ? Comme l’acrobate sur son fil. Rester concentrée, pour ne pas tomber : l’observance est la ligne de conduite. Pas le droit à l’erreur. Mais nous sommes vivants.
Oui, mes rapports sont toujours protegés, même avec les news venues de Suisse. Je reste méfiante. Le poids de la contamination est terrible. Je n’en veux pas sur ma conscience. Je m’informe. Il paraît qu’il resterait caché dans certains de nos tissus, que même avec une charge virale indétectable il y aurait des pics.
Je suis pas docteur, alors je protege mon chéri et notre avenir.
Après le deuil de ma part, il faut continuer d’y croire, croire qu’un jour on ne sera plus malade peut-être, se projeter sur des mois, des années. C’est dur l’avenir. Je l’espère léger et insouciant pour mon fils. Moi je sais pas. Trop de peurs, d’angoisses, pour voir l’avenir en rose bonbon.
Mais j’ai même monté ma boîte avec l’aide de mon compagnon : artistes créateurs on dit de nous. C’est valorisant et peut-être j’y croiis un peu, même si je reste méfiante. Madame la mort reste tapie dans l’ombre.
Sommes-nous des parents comme les autres ? À votre avis ? Mon poussin de 18 ans est la chair de ma chair. Et celui qui lui fait mal, je le réduis en cendre. Ça vous va, comme réponse ?!
J’essaie de l’armer au maximum contre la bétise des ignorants, le sadisme de certains médecins, style savant-fou, qui nous voient comme des lapins de laboratoire.
La lutte des associations, je n’ai rien à leur reprocher. Si. Qu’ils n’oublient pas nos enfants, qu’ils laissent souvent sur le bord de la route. Et je n’oublierai jamais, excusez-mois l’expression, cet enculé de militant d’Act Up qui, il y a quelques années, a déclaré en direct à la télévision : « N’oubliez pas, braves gens, que vos dons sont pour des pédés et des toxicos. Il n’y a que 700 enfants atteints par ce fléau en France ».
Il parlait de mon fils aussi. J’en avais pleuré de rage.
Je fais ma petite prévention autant que je le peut auprès des jeunes qui m’entourent. Voilà, beaucoup d’émotions dans ces quelques lignes.
Bruno et Reda réagissent l’un et l’autre à ce courrier.
Forum de discussion: 1 Message
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Tania, maman d’un enfant séropo : « Comment vit-on avec le VIH ? Comme l’acrobate sur son fil ! »
SOyez optimiste..les labos lâchent les nouveautés trop lentement , certes. Mais il faut voir la vie en rose. Quelle chance de ne plus être en 1985 ou 1994 ou 1999 !! On est en 2009 avec tous les progrès qui font que les séropos ne mourront pas du SIDA. Le meilleur arrive. bien sûr !...Mais à qui profite cette sinistrose autour du SIDA ?