Charles-Catherine Claude | Enfants concernés par le VIH | Prisons
Les enfants ne naissent pas égaux
26 août 2007 (lemegalodon.net)
Oui, nous sommes tous profondément bouleversés par ce qui est arrivé au petit Anis ainsi qu’à tous les autres enfants victimes de prédateurs sexuels.
Mais, certains d’entre nous sont également bouleversés lorsqu’ils apprennent qu’un bébé vient de mourir [1] d’un surdosage (10 fois la dose) médicamenteux (Kalétra) prescrit par le corps médical avec une substance dont la prise n’est pas recommandée avant l’âge de deux ans parce qu’il n’a aucune AMM (autorisation de mise sur le marché).
Ils sont également choqués lorsqu’une petite fille de 4 ans et sa mère sont victimes par deux fois de menaces de mort, proférées par des types cagoulés, dont une devant son école maternelle, suite au livre poubelle et diffamatoire d’un journaliste ordure en mal de reconnaissance (Ils se font la belle). Choqués de constater que cette petite fille, née avec un poids 960 grammes, est devenue anorexique suite à ces deux agressions.
Et choqués par dessus tout lorsqu’ils constatent le battage médiatique que font Nicolas Sarkosy et madame Rachida Dati autour de cette dramatique affaire de pédophilie, alors que par ailleurs elle n’intervient pas lorsqu’elle est interpellée par courrier recommandé du danger que court cette petite fille en ne répondant pas à la famille.
Il va sans dire que des mains courantes et des certificats médicaux ont été établis et un courrier a été envoyé au procureur de la république soulignant la notion d’urgence liée au risque vital qu’encourt cette enfant. Quant au bébé empoisonné au Kalétra il est bel et bien mort...
Alors quoi ? Il aurait il deux poids deux mesures ? Des bons et de mauvais drames ? N’y aurait il que les enfants victimes d’abus sexuels qui auraient le droit d’être entendus ? Ne sont ils pas eux mêmes, victimes d’un sombre enjeu politique ?
D’une redoutable efficacité communicationnelle monsieur Sarkosy a bien compris qu’en surfant avec dextérité sur les archétypes de l’inconscient collectif, peur et dégoût, il ferait légitimer par le peuple ses nouvelles mesures liberticides et anticonstitutionnelles. Individualisant son discours, se disant choqué, bouleversé, révolté, il se place ainsi sur un pied d’égalité émotionnelle et humaine avec le l’opinion cruellement en manque de figure de proue. Ce qui lui permet de pondre des lois à un rythme effréné sur les tempos d’une transe collégiale alimentée par une musique « Techno sécuritaire », soutenu dans son entreprise de coalition émotionnelle par sa muse Rachida Dati.
Au fond, les enfants sont secondaires, ils sont l’alibi qui fait le moine ! Ce qui prime avant tout, c’est que toute une masse de gens soit unie dans une émotion violente, vengeresse et partagée, afin qu’elle puisse brosser avec ses élus, les dents de l’hydre liberticide et carcéral. Ou comment jouer sur l’hyper émotivité de l’opinion sans vraiment traiter le mal en amont.
Une sorte de jeux olympiques à l’envers, ou les appels à la vengeance et au rétablissement de la peine de mort remplacent les cris de joie et de liesse collective. Que des enfants meurent si ils ne sont pas victimes de prédateurs sexuels n’a aucun intérêt médiatico politique...
Mais, méfions nous de ces grands élans fusio-émotionnels de masse, où tous ensemble nous hurlons avec les loups : « à mort, à mort » contre l’inacceptable fabriqué. Ces grands élans de sensiblerie collective qui semblent fortifier, par le biais du groupe, nos besoins d’éthique, de morale et de de valeurs qui nous donnent l’illusion d’impulser une nouvelle énergie au lien social devenu aussi épais qu’une ficelle de string qui nous scie les fesses chaque jour davantage.
Et, dans des temps à venir, plus ou moins proches, de nouveaux Staline ou Hitler pourraient s’emparer de l’émotionnel humain collectif et surfer sur la densité de sa vague affective, déclenchant à loisir en lui des ondes de choc, de plus en plus puissantes. Ainsi il pourrait le faire réagir à dessein à chaque fois que le besoin s’en ferait sentir pour légitimer une mesure anticonstitutionnelle, une guerre ou autre horrible velléité de nuire à l’humanité... Mais là, je retarde parce que n’est ce pas déjà la norme ?
Catherine
Notes
[1] Lire Décès d’un bébé suite au surdosage de Kaletra® solution buvable : qui est responsable ?.