Criminalisation des séropositifs | Drogues et réduction des risques (RDR)
10 ans de prison pour l’agresseur de Saad Hamel
22 juin 2007 (Le Courrier de Mantes)
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Hervé Ilubaki, 23 ans, a été condamné à dix ans de prison ferme par la cour d’assises de Versailles mercredi. Le 2 octobre 2004, il avait participé à l’agression sauvage dont a été victime Saad Hamel, décédé le 6 janvier 2006 après plus d’un an d’agonie.
L’avocat général avait requis quinze ans de prison ferme. Les jurés l’ont condamné à dix ans. Hervé Ilubaki, 23 ans, détenu à Fresnes depuis le 8 juin 2005, était le seul à être jugé pour l’agression sauvage dont a été victime Saad Hamel dans la nuit du 2 au 3 octobre 2004, au Val-Fourré, à proximité de la tour Neptune.
Travailleur handicapé, ancien toxicomane et séropositif, Saad Hamel est décrit par l’enquête du juge d’instruction comme « la tête de turc du quartier ». Il a d’ailleurs déjà été victime d’agressions auparavant, dont un vol avec violence. Dépressif depuis le décès de son frère en 1996, il tente de remonter la pente. Ce soir-là, Saad Hamel, 42 ans, est passé à tabac par six personnes, selon un témoin anonyme. Interpellé au cours de l’enquête, Hervé Ilubaki reconnaît « une part de responsabilité » dans l’agression. Complètement ivre ce soir-là, il est l’auteur du premier coup, qu’il a expliqué à l’audience et au cours de l’instruction comme suit : « Saad Hamel s’est approché de moi. J’ai cru qu’il voulait me donner une claque et j’ai vu qu’il avait une coupure à la main. Je savais qu’il était séropositif et j’ai pris peur. » Il dit ne pas se souvenir des personnes qui l’accompagnaient.
À l’époque, Saad mesurait 1,84 m et pesait 67 kg. Hervé Ilubaki est un grand gaillard, costaud. Le témoin anonyme, qui ne s’est pas présenté à Versailles, a décrit la scène de l’agression. Une rare violence. Saad s’est effondré au premier coup de poing et, une fois à terre, une pluie de coups de pied s’est abattue, jusqu’à ce qu’un agresseur lui écrase le visage avec la semelle de sa chaussure et que le groupe danse autour de sa victime. Saad souffre alors d’une multitude de fractures, au visage, au corps et reste deux mois dans le coma. Il ne s’en remettra jamais. Tétraplégique, il ne communique plus qu’avec des clignements d’yeux. Pendant quinze mois, sa mère et ses sœurs se relaient à son chevet, jusqu’à son décès, le 6 janvier 2006. Les expertises médicales ont conclu à un lien « indirect et certain » entre son décès et l’agression.
L’avocat des parties civiles, Me Quimbel, a souligné la détresse de la famille de Saad, « qui ne saura jamais pourquoi » et rappelé le « devoir de notre société de protéger les plus faibles ». Le témoin anonyme de cette affaire avait identifié les autres agresseurs de Saad. Interpellés, les cinq hommes ont toujours nié leur implication. Et le caractère anonyme du témoignage n’a pas permis de les poursuivre. Ils ont bénéficié d’un non-lieu. Le témoin a fait savoir à la cour d’assises la raison de son absence : durant les quatre jours précédents le procès, il a reçu à son nouveau domicile des lettres de menace de mort.
La famille de Saad Hamel se dit déterminée à poursuivre son combat devant la justice pour identifier tous les auteurs de cette agression.
Ludovic Vincent