Charles-Catherine Claude | Prisons
Justice fiction et prison réalité
30 janvier 2007 (lemegalodon.net)
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Prison traître et Prison Break
Un mois et demi avant le procès d’assises de mes fils, lequel doit se tenir du 08 au 16 mars 2007 à la cour d’assises de Créteil, mon fils cadet Cyril est toujours à l’isolement à la prison de la santé, presque six ans plus tard. Deux certificats médicaux ont été établis par des médecins de cet établissement, pour dénoncer le maintien arbitraire à l’isolement.
Quant à Christophe mon fils aîné, il s’est vu transférer deux fois en un mois, entre décembre dernier et ce mois de janvier 2007. Extrait de la centrale de Clairvaux où il se trouvait depuis de longs mois, après celles de Lannemezan, Perpignan, Grasse, Luynes, Lyon, Moulins, Strasbourg, Nanterre, Bois d’Arcy, Strasbourg de nouveau, après Fresnes, Fleury, la Santé etc…Il vient finalement d’être placé à l’isolement de la prison de Bois d’Arcy depuis trois semaines… Hier, 22 il a été de nouveau transféré de la prison de Bois d’Arcy à la centrale de Saint Maur, dans obscur quartier d’isolement à quelques 300km de la région parisienne.
Je rappelle ici qu’avant ces deux derniers transferts, il était à la centrale de Clairvaux dans les conditions inhérentes au régime intérieur, il pouvait nous téléphoner chaque jour et avoir des parloirs presque à la demande. L’administration pénitentiaire a une fois encore arguée de raisons fallacieuses, de préparation de tentative d’évasion pour justifier ce transfert, disant qu’il avait été trouvé des armes chez ma fille qui n’a jamais eu affaire à la justice, mieux, elle n’a jamais été convoquée dans le cadre de cette affaire supposée. Elle est née séropositive il y a 25 ans, est enceinte et prête à accoucher et cette histoire lui a provoquée un stress incroyable, puisqu’elle s’est retrouvée dans l’obligation de déposer une plainte pour diffamation avec l’aide d’un avocat.
Tout cela procède d’une volonté caractérisée de l’administration pénitentiaire d’empêcher mes fils de se défendre. En piétinant ainsi les droits de la défense, elle démontre une fois encore sa toute puissance qui semble la placer au dessus des lois. Elle peut ainsi refuser dans l’indifférence générale, le droit le plus élémentaire pour mes enfants, celui de se défendre.
Au bout de tant d’années de brimades et de violation des lois en tout genre, l’administration pénitentiaire montre la faiblesse de ses arguments de défense, le poids de ses mensonges, puisqu’en agissant de la sorte, elle met tout en œuvre pour que mes fils craquent avant le procès qui est prévu pour le 08 mars 2007 jusqu’au 16 mars 2007. Ainsi ils ne pourraient pas raconter la vérité sur les failles du dossier d’instruction, en particulier les mensonges de certains agents de l’Ap, apparaissant très clairement dans les procès verbaux, mais aussi, les exactions commises dans l’enceinte concentrationnaire de leurs prisons, pour lesquelles, une action en justice est en cours, devant la cour Européenne des droits de l’homme.
Alors que Delphine Boesel, l’avocate de Christophe est censée le rencontrer au moins deux fois par semaine, dans le cadre des droits de la défense, l’administration pénitentiaire, sous le regard aveugle de la justice, continue de piétiner allègrement ces droits élémentaires, essayant par ces incroyables manœuvres, comme je le souligne plus avant de faire « péter les plombs » à mes enfants.
Ainsi, pourrait elle justifier en partie, le fait que des agents aient tiré sur l’hélicoptère, dans lequel se trouvait une innocente victime, la courageuse pilote.
Je précise une fois encore, que les agents n’avaient absolument pas le droit de tirer, puisqu’une circulaire du ministère de la justice, envoyée quelques temps plus tôt à tous les chefs d’établissement pénitencier, le leur interdisait formellement.
De plus, malgré le fait que l’établissement de Fresnes ait été prévenu de l’arrivée de l’hélicoptère, l’administration pénitentiaire a quand même jugé utile, de faire sortir les 309 détenus sous l’appareil et dont certains ont pu voir, entendre et essuyer les ricochets des tirs des surveillants tout en suppliant qu’on les laisse rentrer à l’intérieur, mais les portes, sont restées définitivement closes .
C’EST DE CELA DONT NE VEUT PAS PARLER L’ADMINISTRATION PENITENTIAIRE, LORS D’UN JUGEMENT QUI SERA RENDU PUBLIQUEMENT.
Je pense que notre société ne peut accepter que l’on enfreigne ses règles et ses lois, et pour cela, elle se doit de donner l’exemple. Alors qu’elle se doit d’écarter pour un temps donné, toute personne contrevenant à ses règles, elle ne doit pas pour autant couvrir les actes de barbarie anti démocratiques d’une de ses institutions, même si celle ci est une force électorale puissante.
Je précise ici, que si des associations comme l’Acat, (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) Ban public et l’Oip, n’étaient pas venues dénoncer, soutenir ou relayer l’information, lorsque Cyril mon fils cadet se faisait torturer, celui ci serait probablement mort aujourd’hui, après avoir été empoisonné, frappé, humilié et maintenu dans des conditions inacceptables pour une démocratie telle que la nôtre. J’ajoute aussi que sans le groupe Mialet, Jean Jacques Prompsy en particulier, jamais je n’aurais pu accéder à ces tribunes pour prendre la parole devant des centaines de témoins.
En cette veille de présidentielle, personne ne semble s’émouvoir outre mesure de ce qui se passe au cœur de nos prisons, malgré les rapports accablants et les états généraux qui, pas une fois quant à eux, n’ont abordé la réalité des quartiers d’isolement ou simplement prononcé le nom.
Lors de nombreux colloques auxquels je participe, je passe mon temps à dénoncer cet état de fait, en particulier lors des deux derniers, dont un décembre où se trouvait une grosse majorité de chefs d’établissements pénitenciers, mais également, lors du dernier le 12 de ce mois de janvier 2007 où se trouvait monsieur Devédjian porte parole de monsieur Sarkosy qui n’a pas su répondre à mes questions.
Forum de discussion: 1 Message
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Justice fiction et prison réalité
Combien de temps encore peut-on se dérober face à l’exigence du droit de l’homme ? Quand cesserons-nous de dormir devant la télé et accordera-t-on plus d’importance au réel en sortant d’une léthargie chronique qui, chaque jour davantage ronge et confisque nos droits, nos libertés, nos corps, nos esprits, qui nous soustrait à nos obligations, nous confisque ce qui nous reste de dignité et qui nous éloigne d’un semblant de révolte ? Quand deviendrons-nous une force canalisatrice et fédératrice d’exigences humaines et légitimes ?