La Pandémie du siècle : Il y a 25 ans « naissait » le SIDA
5 juin 2006 (AFP)
On a d’abord cru à une anomalie statistique : un syndrome mystérieux attaquait le système immunitaire des homosexuels californiens. On n’imaginait pas alors que 25 ans plus tard le SIDA, ou syndrome de l’immunodéficience acquise, deviendrait une épidémie planétaire, la plus meurtrière de l’histoire.
Depuis que les cinq premiers cas ont été signalés aux Etats-Unis le 5 juin 1981, le VIH a fait 25 millions de morts et contaminé 40 millions d’autres personnes. Et il promet de faire encore plus de victimes au cours des 25 prochaines années.
Le SIDA pourrait tuer 31 millions de personnes en Inde, le pays comptant désormais le plus de séropositifs au monde, et 18 millions en Chine d’ici 2025, selon des projections de l’Onu.
A cette date, le bilan en Afrique, où le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a déjà causé les pires ravages, pourrait atteindre les 100 millions de morts. "C’est l’épidémie la plus grave et la plus meurtrière que le genre humain ait jamais connu", selon Mark Stirling, directeur régional d’Onusida pour l’Afrique de l’Est et australe.
Grâce à des médicaments plus efficaces, un meilleur accès aux traitements et des efforts de prévention, on commence à revoir à la baisse ces sombres projections. Mais même si dès maintenant il n’y avait plus aucune nouvelle contamination, le bilan dépasserait les 40 millions de morts rien que pour l’Afrique, souligne Mark Stirling. "Nous serons encore confrontés au SIDA dans les prochaines décennies", met-il en garde. Les recherches pour mettre au point un vaccin ont échoué jusqu’ici. Toutefois dans les pays développés, le SIDA n’est plus synonyme de condamnation à mort, les traitements antirétroviraux l’ayant transformé en une maladie chronique. Revers de la médaille, ces traitements pourraient entraîner le développement d’une souche résistante, et conduiraient certaines personnes à relâcher leur vigilance en ayant des rapports sexuels non protégés. La science offre moins d’espoir pour les pays pauvres, où la plupart des victimes n’ont pas ou peu accès aux traitements faute d’argent. Au niveau mondial, seulement un séropositif sur cinq bénéficie des médicaments dont il a besoin. Malgré les progrès accomplis, le nombre de morts du SIDA au cours des 25 prochaines années dépassera largement le bilan de la peste noire qui a frappé l’Europe au 14e siècle faisant 34 millions de morts, et de la grippe espagnole de 1918 (20 à 40 millions de morts). Près des deux tiers des personnes infectées vivent en Afrique subsaharienne où la pauvreté, l’ignorance et le manque de volonté politique ont aggravé la pandémie. Le SIDA est la principale cause de mortalité sur le continent noir. Dans au moins sept pays, la maladie a réduit l’espérance de vie à 40 ans ou moins.
En Asie, les taux d’infection ne devraient pas atteindre un niveau aussi élevé qu’en Afrique, mais le poids démographique du continent fait que même une hausse minime risque de se traduire par des millions de morts. Avec moins de 1% de personne infectées, l’Inde supplante désormais l’Afrique du Sud pour le nombre de séropositifs, avec 5,7 millions contre 5,5 millions, selon l’Onusida. Personne ne connaît avec certitude les origines de l’épidémie. On pense que tout a commencé dans les forêts d’Afrique de l’Ouest et que le virus serait passé du singe à l’homme, peut-être par la consommation de viande. Des chercheurs ont découvert le VIH dans un échantillon de sang prélevé en 1959 sur un homme à Kinshasa, au Congo.
Pendant des décennies, les premières infections humaines en Afrique sont passées inaperçues. Et il faudra attendre le 5 juin 1981 pour que le Centre de contrôle des maladies d’Atlanta signale une maladie mystérieuse attaquant le système immunitaire -que l’on identifiera plus tard comme étant le SIDA- chez cinq jeunes hommes homosexuels de Los Angeles.