Lors du lancement du site seropos.net, un certain Didier Dubois nous a contacté pour nous demander de l’aider à faire connaître son association, le « Café lunettes rouges » hébergé au Centre gai et lesbien situé au 3, rue Keller (à côté de la place de la Bastille, à proximité du Marais).

Didier Dubois s’occupe de séropositifs depuis 18 ans, et il a passé sept ans à Basiliade avant de créer, en octobre 2005, le Café Lunettes rouges.

Présentation du Café lunettes rouges : Café Lunettes rouges pour les séropositifs au Centre gai et lesbien

Nous l’avons invité pour venir en débattre avec nous, mais il a répondu qu’il était en vacances jusqu’au mois de juin. L’émission réitère l’invitation à venir débattre de ce projet avec les auditeurs de l’émission.

En tout cas, même si lui ne veut pas quitter son quartier pour venir débattre avec nous, nous avons bien l’intention de lui rendre visite prochainement pour voir de nos propres yeux comment fonctionne cette « sélection naturelle » (lire ci-dessous) à laquelle il se réfère pour expliquer la fréquentation de son café.

Refusons ensemble le tri sélectif des séropositifs

L’émission déplore qu’il n’existe aucun lieu géré par et pour les séropositifs en région parisienne qui accueille sans discrimination ou sectarisme les séropositifs et les familles vivant avec le sida.

Nous posons la question publiquement à Didier Dubois : le café Lunettes rouges est-il prêt à travailler avec l’émission pour ouvrir son café aux banlieusards, aux Arabes, aux Africains, aux pauvres, aux enfants... ? Il ne suffit pas de proclamer qu’il n’exclue personne, mais d’agir concrètement pour faire connaître l’existence de ce café et de proposer les services (la garde des enfants, par exemple) qui permettront aux exclus d’en profiter.

La « sélection naturelle » au Café Lunettes rouges

À la question « Les visiteurs sont-ils exclusivement des gays et des lesbiennes », posée par le journal Têtu, Didier Dubois avait répondu :

Nous voulons nous concentrer sur la communauté gay et, comme nous sommes hébergés par le CGL, la sélection s’est faite naturellement. Il y a une majorité d’hommes, mais je ne demande à personne s’il est homo ou hétéro, séropo ou non.

C’est cette présentation des choix de Didier Dubois qui pose question.

Le choix des mots n’est pas anodin.

À Paris, plus de la moitié des personnes qui apprennent leur séropositivité sont des hétérosexuels. Se « concentrer » sur la « communauté gay » revient à ignorer plus de la moitié de l’épidémie, et en particulier sa frange la plus marginalisée.

Ensuite, en biologie, la sélection naturelle est un aspect de la théorie de l’évolution décrite par Charles Darwin.

Si Darwin n’a jamais appliqué ses théorie aux relations sociales entre êtres humains, les théoriciens de la colonisation et du racisme (Gobineau et al.), eux, prédisaient la disparition « naturelle » des « races » inférieures indigènes et l’ultime dominance en terre conquise des colonisateurs de la « race » supérieure.

Deux brontosaures et un T-Rex

Deux brontosaures voient un T-Rex avancer dans leur direction et se mettent à courir aussi vite qu’ils le peuvent. Puis l’un des deux dit à l’autre : « Pourquoi nous fatiguons-nous au juste ? Nous n’avons de toute façon pas la moindre chance d’arriver à courir plus vite qu’un T-Rex ! »

Et l’autre lui répond cyniquement :

« Je ne cherche pas à courir plus vite que le T-Rex. Je cherche juste à courir plus vite que toi ! »