Croix-Rouge : procès du sang contaminé au Canada, le Dr Roger Perrault plaide non coupable
21 février 2006 (canada.com)
Voir en ligne : Le procès du sang contaminé commence, le Dr Perrault plaide non coupable
Par Tara Brautigam (Canadian Press)
TORONTO (PC) - En mettant l’accent sur les profits au lieu de la santé publique, on a laissé du plasma séropositif contaminer la réserve de sang canadienne, a-t-on pu entendre à l’amorce du procès criminel dans le dossier du sang contaminé mardi.
Après des années de disputes procédurières et malgré les craintes quant à l’annulation du procès, quatre médecins et une compagnie pharmaceutique américaine ont présenté un plaidoyer de non culpabilité face à des accusations de négligence et de nuisance avant que le procureur Michael Bernstein ne commence à présenter la cause de la Couronne.
"Des dons séropositifs ont été sciemment introduits au sein du réservoir de plasma, puis ils ont été fabriqués et distribués en toute connaissance de cause, a déclaré M. Bernstein lors de son argumentation d’ouverture. Cette politique semble avoir été motivée par des impératifs financiers."
Le Dr Roger Perrault, l’ancien directeur médical de la Société canadienne de la Croix-Rouge, a présenté un plaidoyer de non culpabilité face à des accusations de nuisance criminelle et de négligence criminelle causant un préjudice corporel pour son rôle présumé dans l’affaire.
Le Dr Michael Rodell, ancien vice-président d’Armour Pharmaceutical, une compagnie pharmaceutique du New Jersey, ainsi que le Dr Donald Boucher et le Dr John Furesz, qui ont travaillé pour le Bureau des produits biologiques sous l’égide de la Direction générale de la protection de la santé, ont également plaidé non coupable face à des accusations de négligence.
L’avocat de la défense, Brian Greenspan, a présenté un plaidoyer de non culpabilité au nom de la compagnie Armour. Tous les accusés ont choisi de subir un procès présidé par un juge seul.
Les plaidoyers ont été présentés seulement après que M. Bernstein ne déclare, devant une salle d’audience remplie, que la Couronne n’abandonnerait pas les poursuites, malgré un rapport d’un des témoins experts du procureur mettant en doute les chances d’obtenir un verdict de culpabilité.
Perrault, qui a dirigé le programme de transfusion sanguine de la Croix-Rouge canadienne de 1974 à 1986, n’a pas fait respecter les normes médicales les plus élevées possibles lorsque des produits sanguins traités thermiquement par Armour ont été administrés à des patients hémophiles durant les années 1980, a avancé M. Bernstein.
"Il n’a pas obtenu l’information... qui aurait mené au retrait du ’HT Factorate’," a dit M. Bernstein.
Cinq tests effectués en 1985 par le Dr Alfred Prince ont démontré que la technique de traitement thermique d’Armour n’avait pas complètement fait disparaître les traces de VIH qui se trouvaient dans ses produits sanguins, a affirmé M. Bernstein.
Rodell s’était dit inquiet des coûts que représentaient la modification de cette technique de traitement thermique et de la possibilité que la compagnie perde sa part de marché, si bien qu’il a ignoré les avertissements du Dr Prince, a indiqué M. Bernstein.
M. Greenspan a répliqué en affirmant qu’au moins deux des tests effectués par le Dr Prince avaient "complètement échoué" et que sa première étude n’avait révélé aucune trace observable de VIH.
La Couronne a allégué que Boucher, Furesz et Perrault ont manqué à leur devoir en permettant l’administration de produits sanguins contaminés, au milieu des années 1980, à trois hommes de la Colombie-Britannique et à un autre de l’Alberta. Trois d’entre eux sont décédés.
On craignait la semaine dernière que le procès ne puisse avoir lieu, après que le Dr Graham Dukes, une sommité en matière de gestion de risque à l’Université d’Oslo, en Norvège, est revenu sur son opinion initiale selon laquelle les accusations à l’endroit de Perrault étaient légitimes.
Le Dr Dukes avait alors affirmé que de nouveaux documents semblaient indiquer qu’il n’y avait aucune preuve permettant d’appuyer les accusations, si bien que la défense en avait profité pour affirmer que la Couronne n’avait aucune raison d’intenter des poursuites.
L’avocat de Perrault, Edward Greenspan, a demandé si le nom du Dr Dukes se trouvait toujours sur la liste des témoins de la Couronne, mais M. Bernstein a déclaré qu’il n’avait pas encore décidé s’il ferait appel à lui ou non.