Croix-Rouge canadienne et sang contaminé : Roger Perrault à la barre des accusés
7 février 2006 (Radio Canada)
Le procès de l’ancien directeur du Service des transfusions sanguines de la Croix-Rouge canadienne s’ouvre lundi à Toronto. Le Dr Roger Perrault est accusé de négligence criminelle ayant entraîné des lésions corporelles et de méfait ayant mis en danger le public, pour avoir permis la distribution d’un produit sanguin contaminé à des patients hémophiles pendant les années 1980.
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On lui reproche également de ne pas avoir effectué à l’époque les tests de dépistages nécessaires pour assurer la qualité des dons de sang recueillis par la Croix-Rouge.
Une demande de l’avocat de l’accusé pour un arrêt des procédures criminelles contre son client, pour des raisons de santé, avait été rejetée en août 2005. Le Dr Perrault a toujours clamé son innocence.
Entre 1983 et 1990, plus de 1000 Canadiens ont contracté le VIH et jusqu’à 20 000 autres le virus de l’hépatite C, après avoir reçu des produits sanguins contaminés.
Le scandale du sang contaminé est considéré comme l’un des pires désastres en santé publique du dernier siècle au Canada.
On ignore le nombre exact de personnes ayant perdu la vie à la suite de ces transfusions, mais en 1997, on estimait que 3000 personnes étaient décédées après avoir reçu du sang contaminé.
La commission Krever
La commission d’enquête du juge Horace Krever sur le système canadien de collecte et de distribution du sang avait sévèrement blâmé tant la Croix-Rouge que les gouvernements fédéral et provinciaux dans son rapport de 1997.
La commission Krever a conduit au remplacement de la Croix-Rouge par deux organismes, la Société canadienne du sang et Héma-Québec.
Il aura fallu attendre une enquête de longue haleine de la Gendarmerie royale du Canada pour que des accusations criminelles soient portées, en 2002, à l’encontre du Dr Perrault, de deux fonctionnaires du Bureau des produits biologiques à la direction générale de la protection de la santé, et d’une compagnie pharmaceutique américaine.
Ottawa a entre-temps dédommagé les victimes, mais seulement celles contaminées entre 1986 et 1990. Celles contaminées avant 86 et après 90, exclues de l’entente, ont intenté un recours collectif contre le gouvernement.