Il parait que Jean-Pierre Raffarin et Jean-Luc Roméro ont décrété Sida, grande cause nationale en 2005. Le mois de septembre serait le « mois des migrants »...

On a vu Jérôme Martin, président d’Act Up Paris, claironner le remboursement du Newfill [1], produit pour combler les joues creusées par les traitements.

On a vu Christian Saout, président de AIDES, se pavaner à l’Elysée ou à Matignon [2].

Une fois de plus, on a vu et entendu tout le monde… sauf les séropositifs.

2005, l’année où le gouvernement tente d’achever le démantèlement de l’Aide médicale d’État, qui permet aux sans papiers de se soigner.

2005, l’année où le gouvernement s’attaque à une protection sociale déjà en lambeaux.

2005, l’année où les séropositifs, durement frappés par le chômage, subissent la même répression sociale : fin de droits, retour forcé au travail…

2005, l’année ou l’INPES se moque des immigrés, en fabriquant des campagnes d’information aussi affligeantes qu’elles sont ridicules et inefficaces [3], alors que les personnes qui se contaminent dans les quartiers pauvres n’ont toujours aucune information sur le virus ou ses modes de transmission, encore moins les moyens matériels ou le pouvoir social pour survivre à l’épidémie.

2005, l’année où des séropositifs saluent les juges qui ont prononcés six ans d’enfermement pour un séropositif coupable d’avoir eu des relations non-protégées.

2005, l’année où des séropositifs ont brûlés vivants faute d’un logement décent.

Pourquoi et comment les associations classiques qui se partagent le gâteau de l’argent du sida et qui vivent sur le dos des malades, ont-elles accepté de servir de caution à cette mascarade ?

Combien de temps accepterons-nous qu’ils parlent à notre place, au nom des malades et des familles qui en bavent pour survivre au sida ?

Reda Sadki