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Financement de la lutte contre le sida | Tribune libre

M. Cyclopède, Act Up, Che Guevara, et Sidaction : La Louve nous écrit depuis Toulouse... Étonnant, non ?

28 avril 2005 (lemegalodon.net)

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Le 1er avril, le site survivreausida.net a publié une dépêche annoncant la dissolution d’Ensemble contre le sida.

En fait, il s’agissait d’un poisson d’avril : le Sidaction n’a pas l’intention de se dissoudre, malgré des années de malversations financières dénoncées par la Cour des comptes.

Il n’empêche que les séropositifs et les familles touchées par le virus sont dégoûtés par la solidarité spectacle organisée par des dirigeants d’associations qui vivent sur le dos des malades du sida.

En témoignent les courriers reçus à l’émission depuis le 1er avril, dont celui-ci :

Bonjour à tou-te-s,

Lorsque j’ai fait circuler votre poisson d’avril, un copain qui travaille dans une association de lutte contre le sida m’a écrit qu’il ne l’avait pas du tout apprécié, et qu’ils allaient, lui et des personnes séropositives dans son entourage, se désabonner de Survivre au sida en signe de protestation [1] ... Je lui ai expliqué que moi je le trouvais particulièrement cinglant et drôle...

Ici, à Toulouse, les associations véritablement engagées avec et auprès des personnes séropositives se comptent sur les doigts d’une main de manchot. Le cas d’Act Up Toulouse est l’un des plus délirants. Même là, les personnes séro+ sont cantonnées à un rôle d’usagers ou de "témoins" de l’épidémie (sic)... La parole : oui ; le pouvoir : non. Le logo historique d’Act Up n’a ici pas plus de sens qu’une tête du Che sur un T Shirt d’ado branché... financé chaque année par le Sidaction, cela dit.

Depuis le grand tournant du milieu des années 1990, beaucoup d’associations se sont fourvoyées de manière encore plus flagrante en devenant de véritables structures bureaucratiques de prise en charge (surtout d’elles-mêmes, d’ailleurs) sous traitant service public et droit commun, n’utilisant plus les séropos que comme "espèce" ou comme alibis de leurs légitimités... La dérive a tristement continué jusqu’à aujourd’hui, et souvent au détriment des petites organisations communautaires, souples et militantes - vivantes et compliquées comme une épidémie : Pourquoi vouloir à nouveau tout remettre en question ?

Comment Ensemble Contre le Sida aurait-il échappé à la règle, surtout à une période où l’Etat s’est toujours plus désengagé de ce qui lui reste et doit lui rester de ses prérogatives en matière de santé et d’accès aux droits... ? L’ironie du sort, c’est que les petites organisations n’ont aujourd’hui parfois plus que les miettes du Sidaction pour "vivoter" aux côtés des personnes véritablement concernées... Dans l’Espagne de Franco, les dames de la bourgeoisie se disputaient âprement pour inviter à table le plus piteux des clochards à la sortie de l’église comme l’exigeait la coutume le jour du Saint Patron de la ville.

L’histoire de l’épidémie montre à nouveau son visage "en crise"... cette fois-ci, depuis Marrakech, ce 1er avril : "Etonnant, non ?" aurait dit un Monsieur Cyclopède alias Pierre Desproges, en son temps. Alors, que les plus directement affecté-e-s aient le toupet d’avoir gardé le sens de l’humour, la pilule a certainement du mal à passer et ne va pas sans effets secondaires... comme une thérapie momentanément efficace, puisse-t-il continuer à éclairer nos routes trop souvent désespérées. Avec d’autres séropos du coin, je vais certainement aller visiter de temps en temps votre site que je ne connaissais pas.

Signé : La louve

Notes

[1] Il y a eu 4 désabonnements depuis la diffusion du poisson d’avril.

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