Criminalisation des séropositifs | Droits des femmes | Femmes séropositives
Déclaration du Mouvement Français pour le Planning Familial à propos de la criminalisation de la transmission du VIH
18 avril 2005 (Mouvement français pour le planning familial (MFPF))
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Voir en ligne : Déclaration du Mouvement Français pour le Planning Familial à propos de la criminalisation de la transmission du VIH
Notre mouvement est doublement interpellé par le procès qui vient de voir la condamnation à 6 ans de prison d’un homme séropositif pour cause de « transmission volontaire » du virus VIH et plus largement par le débat qui émerge concernant la criminalisation de la transmission du VIH.
Interpellé parce qu’intervenant dans le champ de la sexualité et comme le précisent les statuts : « mouvement qui lutte pour créer les conditions d’une sexualité vécue sans répression ni dépendance, dans le respect des différences, de la responsabilité et de la liberté des personnes. »
Interpellé parce que, mouvement féministe, il ne peut rester indifférent au fait que les premières plaintes émanent de femmes qui considèrent que leur statut social défavorable les a davantage exposées au risque.
Si nous sommes bien conscients de ce contexte, nous sommes convaincus cependant que la judiciarisation de ce problème de société n’est pas la bonne réponse.
Toutes les personnes sont victimes du virus : il ne peut y avoir de bons et de mauvais séropositifs !
Certains au début de l’épidémie ont essayé de développer l’idée qu’il y avait des malades « victimes » (les hémophiles) et des malades « coupables » (homosexuels, usagers de drogue). On peut craindre que ne se reproduise le même phénomène, et que la société considère que les personnes contaminées par relations homosexuelles ou échange de seringue « l’ont bien cherché », introduisant un jugement moral sur les pratiques !
Imagine-t-on des enfants contaminés par voie fœtale portant plainte contre leur mère pour les avoir mis au monde en sachant qu’elles étaient séropositives ?
Le droit des femmes séropositives à mettre au monde un enfant a été défendu par quelques associations au départ ; sans leur action, on aurait pu assister à l’avortement systématique ou à la ligature des trompes, l’opinion publique jugeant ce comportement criminel. Aujourd’hui, les points de vue ont évolué en partie à cause des avancées de la médecine, mais aussi, sur le principe de la défense du droit individuel, de la liberté de choisir et de la capacité de réflexion et de maturité des femmes et des couples à prendre la décision qui était juste pour eux.
La co-responsabilité est engagée dans une relation sexuelle et si nous sommes bien conscients des inégalités de statuts, il est nécessaire d’agir pour changer les relations de domination, sans placer les personnes en situation de « victimes » mais comme actrices de leur vie. La soi disant « vulnérabilité naturelle » des femmes n’est qu’ une justification pour maintenir le statu quo !
Il y a certes des personnes qui, parce qu’elles n’ont pas eu l’accompagnement nécessaire au moment de l’annonce de leur séropositivité, parce qu’elles n’ont pas rencontré l’écoute nécessaire tout au long de leur suivi, se trouvent en difficulté pour protéger leurs relations.
Mais qui, devant une situation de prise de risque n’a jamais développé des protections imaginaires, aujourd’hui appelées « stratégies de prévention à risques » ?
Il est important de continuer à agir pour que change l’image du sida et la discrimination dont sont effectivement victimes les personnes séropositives ce qui rend plus difficile de dire à un partenaire son statut.
La société a le devoir d’offrir les outils les plus efficaces dont elle dispose dans le champ de la prévention, le devoir de soin, le devoir d’égalité de traitement sans discrimination, une obligation de recherche au niveau médical (par exemple de nouveaux moyens de se protéger comme les microbicides !).
Mais la prévention ne peut fonctionner avec la contrainte, la répression : doit-on arriver à ce que les personnes qui craignent d’être séropositives ne se fassent plus dépister par crainte d’être poursuivies si elles ne protègent pas leurs relations !
Nous proposons de :
Développer le counselling pré et post test, impulser des espaces de parole sur la sexualité pour les personnes séropositives. Travailler sur la responsabilité sans culpabiliser, le respect de l’autre, la non discrimination, les rapports hommes / femmes sont les seules voies pour lutter contre la transmission du sida
Entendre la souffrance des personnes concernées qui vivent douloureusement leur statut, les accompagner dans une action positive pour changer le contexte social et politique qui fait que, dans notre société la sexualité reste un tabou, l’homosexualité et les rapports de domination hommes / femmes, sources de discrimination.
Répondre à la judiciarisation croissante de la société, à l’individualisation des responsabilités par la recherche d’une réponse collective qui permettent à ceux qui sont le plus en difficulté dans notre société, de retrouver un statut, une place et de retrouver du sens commun.
Aussi le MFPF :
se positionne contre la création d’un délit spécifique de « transmission volontaire du VIH »,
appelle à développer l’action pour des relations hommes /femmes plus égalitaires, pour que les femmes aient accès à des moyens de prévention dont elles aient la maîtrise, pour la reconnaissance du droit des femmes à une sexualité libre,
interpelle les pouvoirs publics : les orientations et les moyens qui vont être mis en œuvre pour lutter contre cette épidémie doivent tenir compte de ces constats.
Que le sida soit décrété « grande cause nationale 2005 » ne va pas résoudre les problèmes ! Il s’agit d’une action de longue haleine pour d’autres relations humaines dans cette société de marchandisation.
Contact presse : mfpf@planning-familial.org - tel 01 48 07 29 10
Forum de discussion: 1 Message
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Déclaration du Mouvement Français pour le Planning Familial à propos de la criminalisation de la transmission du VIH
J’ai une histoire à vous raconter : celle d’une femme (ma soeur) abusée et manipulée par son compagnon. Il commence par l’abandonner à huit mois de grossesse, pour revenir, puis repartir, puis revenir pour l’accouchement. il repart encore et lui laisse un condylom HPV en souvenir, ayant lui-même contracté le virus après un rapport non protégé avec une jeune fille que pourtant il savait infectée. ma soeur est anéantie seule avac son bébé. Son col est très abîmé et sa future vie intime n’a rien de rigolo. Ne peut-elle donc rien tenter aujourd’hui contre cet irresponsable monstre d’égoïsme ? Ne serait-ce que pour aujourd’hui le rayer définitivement de sa vie et de celle de sa fille aujourd’hui agée de 5 mois et demander réparation. Quels sont ses droits ? Qui peut l’aider ? Merci de me répondre.