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Christian Saout | Criminalisation des séropositifs

Envoyé très Spécial ! Du parti pris au mensonge

15 mars 2005 (AIDES Fédération)

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L’émission de France 2 Envoyé Spécial a diffusé jeudi 10 mars 2005 un reportage intitulé « Maladie d’amour » réalisé par le journaliste Jérémy DRIEU. Le reportage traitait de la question de la pénalisation des contaminations par le virus du sida sur la base d’un procès qui s’est tenu récemment à Colmar et qui a vu la condamnation d’un séropositif à 6 ans de prison.

AIDES dénonce le parti pris de ce reportage et conteste de nombreux éléments mis en avant.

Un parti pris inacceptable !

Pour d’obscures raisons, le journaliste a choisi d’orienter son reportage avec comme objectif indéniable de nuire à l’image des associations de lutte contre le sida, et plus particulièrement à celle de AIDES.

Le reportage laisse entendre que AIDES ne soutient pas les femmes séropositives, notamment celles qui ont été contaminées par leur conjoint :

- 34% des 10 000 personnes séropositives soutenues quotidiennement par AIDES sont des femmes (Enquête AIDES-ORS Paca - 2004), dont beaucoup d’entre elles ont vécu des histoires comparables à celles évoquées dans le reportage. Par ailleurs, plus de 50% des militants (volontaires et salariés) de AIDES sont des femmes.

- Jérémy Drieu avait connaissance de ce fort engagement de AIDES auprès des femmes séropositives. Il a en effet assisté aux Etats généraux des personnes touchées par le VIH/sida organisés par AIDES en novembre 2004. Il a donc vu que parmi les 300 personnes séropositives présentes, beaucoup étaient des femmes. Il a également entendu des témoignages de femmes dont les parcours de vie sont comparables à ceux mis en avant dans son reportage. Il a longuement interviewé la responsable des actions femmes de AIDES. Pourquoi alors dire que AIDES ne veut pas soutenir ces femmes ? Pourquoi ne pas s’être fait l’écho des nombreux témoignages de séropositifs qui ont abordé la question de la prévention en expliquant clairement leur devoir de responsabilité ?

- Jérémy Drieu a été convié à une conférence organisée par AIDES le 1er mars dernier dans les locaux du journal Marie Claire autour de 20 femmes séropositives soutenues par AIDES. Il est regrettable qu’il ne se soit pas intéressé à cet événement pourtant au cœur de son sujet. Il aurait pu y entendre de nombreuses femmes contaminées par leur conjoint et par ailleurs soutenues par AIDES et parfois même militant dans l’association.

Le reportage laisse entendre que les actions menées par AIDES sont contestables :

- Jérémy Drieu ne rate aucune occasion d’épingler le comportement de AIDES au fil de son documentaire. A chaque fois que AIDES est citée, c’est pour montrer une association « peu soucieuse de certaines personnes séropositives », « préférant soutenir les « bourreaux » plutôt que les « victimes » », etc. Si Jérémy Drieu avait vraiment voulu savoir comment travaille l’association, pourquoi ne pas avoir rencontré et filmé nos accueils qui sont ouverts à toutes les personnes séropositives, sans jugement sur l’origine de leur contamination ou bien leurs modes de vie. Libre à lui ensuite de se faire une opinion éclairée et objective sur le travail accompli par l’association.

La volonté de nuire à l’association AIDES est donc manifeste tout au long du documentaire. En omettant de rappeler certains contextes indispensables à la compréhension de ce sujet difficile et douloureux et en bâclant un travail d’enquête qui aurait permis de mettre en avant la réalité du travail quotidien de AIDES, le journaliste porte très clairement une lourde responsabilité qui ne peut s’expliquer qu’en terme d’incompétences ou de manquement à un minimum de déontologie.

Plus grave encore, Jérémy Drieu laisse passer certains mensonges et erreurs dans son documentaire.

Des contrevérités !

Il est dit dans le reportage que AIDES n’a apporté aucun soutien aux femmes séropositives présentes dans le reportage. La présidente de l’association Femmes Positives est soutenue par AIDES Marseille depuis 1996 financièrement et socialement.

A ce titre, le soutien apporté à cette personne est comparable à celui octroyé à n’importe quelle autre personne séropositive soutenue par AIDES.

Rappelons qu’en 2004, 40% des bénéficiaires des aides octroyées par AIDES PACA étaient des femmes.

Le seul critère retenu par AIDES pour soutenir les personnes est la séropositivité. A ce titre, AIDES soutient ou a soutenu nécessairement d’autres femmes se considérant victimes d’une contamination, contrairement à ce que dit le reportage.

Le reportage « Maladie d’amour » diffusé par le magazine Envoyé Spécial représente donc ce qu’il y a de pire en matière de désinformation : parti pris, omissions, mensonges. Au delà des dommages essuyés par l’association AIDES à la suite de cette diffusion, il discrédite l’ensemble des acteurs de la lutte contre le sida en France au moment où le sida vient d’être déclaré Grande nationale en 2005 et où l’épidémie progresse de façon très inquiétante.

Pour finir, Jérémy Drieu prétend que Christophe Morat (la personne condamnée au cœur du reportage) est l’objet de deux nouvelles plaintes de femmes contaminées, il s’agit là encore d’une « information » absolument erronée de ce reportage.

Dans ce contexte, AIDES demande que le journaliste responsable de ce reportage s’explique sur son travail et demande au magazine Envoyé Spécial un droit de réponse à l’association dans le cadre de sa prochaine émission.

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