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Aline | Criminalisation des séropositifs | Femmes séropositives

Des femmes contaminées dénoncent la vénalité vengeresse des criminalisatrices de la transmission du VIH

17 mars 2005 (lemegalodon.net)

10 Messages de forum | | Votez pour cet article

Comme vous le savez, une poignée d’extremistes très mobilisées aujourd’hui voudraient jeter en prison les séropos en faisant de la contamination un délit, et en extorquant au passage des dommages et intérêts à des séropositifs majoritairement pauvres.

Aucune punition ni indemnisation ne peut réparer l’injustice d’une contamination.

Mais certains voudraient faire croire que toutes les personnes contaminées seraient ainsi assoiffés de vengeance et de vénalité.

C’est pourquoi l’émission Maghreb-Afrique Survivre au Sida avait lancé l’appel aux séropositifs qui refusent la logique de la criminalisation, où des séropositifs se font des procès entre eux, et où la justice des séronégatifs envoie des séropositifs en prison :

- si vous aimez votre partenaire séropositif, malgré le risque ou le fait d’une contamination ;

- si vous connaissez la personne qui vous a contaminé, mais vous refusez tout dépôt de plainte ou autre vengeance contre elle ;

- si vous estimez que la personne qui vous a contaminé ne l’a pas fait sciemment, encore moins pour vous faire du mal.

Aline, maman d’un enfant de 11 ans touché par le VIH, a répondu à l’appel :

Voilà 11 ans que nous sommes séropo, mon fils et moi. Voilà 11 ans qu’on m’a proposé de porter plainte. Voilà 11 ans que j’ai refusé. Je n’ai jamais regretté ce choix : à quoi bon ? Rien, et surtout pas une condamnation judiciaire, pouvait faire changer mon statut sérologique. Je n’ai jamais pu rejetter la totale responsabilité sur mon partenaire. Le peu d’info que j’avais eu sur le sida ne m’avait pas assez frappée, et jamais je n’avais pensé qu’il passerai par moi : je suis ni toxico, ni homo, alors… Aujourd’hui, est-ce que la prévention est encore insuffisante ? À mon avis, le sida est l’affaire de tous, la responsabilité de deux adultes lors du rapport sexuel, lors d’un instant d’AMOUR. Je viens ainsi apporter mon soutien à ces personnes condamnées pour avoir transmis le virus. Dans cette dure épreuve, je suis convaincue qu’une sentence pénale n’atténuera pas leur souffrance. J’apporte ainsi mon soutien à la personne incarcérée. Signé : Aline

Sade avait découvert le site survivreausida.net juste après avoir appris sa séropositivité :

Bonsoir, à tout le monde et aux animateurs de ce site. Je viens de lire votre message qui est très dur. On n’a pas choisi de l’être ou pas, dans mon cas c’est mon ex qui m’a contaminée, j’ai préféré partir avec mes enfants qui n’ont rien, mais c’est pas pour autant que j’irais au tribunal ou quoi que ce soit, c’est absurde, que ce soit les tribunaux, medias ou autres, ils demandent pas mieux d’alimenter leurs torchons et de nous montrer du doigt comme des bêtes et nous condamner au lieu de comprendre et de réagir pour ouvrir les yeux et de ne pas craindre. De toute façon, ils nous ont condamnés à l’exil et aux mensonges, comme la société nous a appris, alors qu’ils arrêtent leurs BLABLA ET TORCHON. Désolée de cette colère. A bientôt . Sade

Hortensia nous écrit :

En effet, on a presque tous été contaminés par quelqu’un. Pour ma part, je vais peut-être vous décevoir, mais j’en veux terriblement à celui qui m’a contaminé. Je le soupçonne de l’avoir fait sciemment, et j’ai très souvent envie de lui régler son compte. J’ai même pensé à le faire supprimer par un tueur à gage... Mais je me dit, à quoi bon ? Je ne compte même pas le poursuivre en justice. Le mal est là et le temps passe si vite, surtout pour nous... Je préfère mettre mon énergie dans la recherche d’un partenaire qui m’aime et d’une vie de meilleure qualité avec un peu de bonheur... Hortensia.

Réponse de Sylvie, mère de quatre enfants :

Bonjour, Hortensia. Moi aussi, c’est la même : contaminée par une personne qui se savait malade, je lui en ai voulu à mort. C’est vrai, il faut penser à soi. La vengeance, ça sert pas. Il faut vivre maintenant avec, et avancer. Alors courage ! Je t’embrasse. Sylvie

Une autre maman a appris sa séropositivité et aborde la question de la confiance :

Bonjour tout le monde Mon avis est le suivant : Je ne pense pas que tous les séropositifs soit coupables. moi je suis pas assoiffée de vengeance. Je connais l’ampleur de ce mot. Je n’aimerais même pas souhaiter le sida à un ennemi. Je pense qu’on doit aimer aussi nos ennemis qui agissent par méchanceté ancrée dans leur veines.On doit tout simplement les éviter. Bref, je ne connais pas la personne qui m’a contaminée, j’ai été victime d’excès de confiance. J’ai été trop naïve croyant que le VIH n’atteint que les autres. Je n’accuse personne car j’ai pris le risque de faire des rapports non protégés. Mais ma confiance m’a trompé. Ce qui veut dire la confiance n’exclue pas le controle. Je le dit aux séronégatifs. En effet, je pense que celui qui m’a transmis le virus ne l’a pas fait exprès .Donc, je suppose qu’il ne voulait pas me faire du mal car il n’y a pas de raison. Le problème est que dans le pays il y a des séropositifs qui ne savent pas leur état et qui continuent à propager le virus. A partir du moment où l’on connaît la vérité, on doit prendre des précautions et informer son partenaire du risque car il y a même des capotes qui se cassent. J’ai su que je suis séropositive seulement grâce à la compétence de la pédiatre de bébé de 4 mois demi. J’ai aussitôt fait le test qui s’avère positif. Je lance un appel par la voix de vous, les journalistes, aux gouvernants africains à plus d’intérêt et de vigilance par rapport à la transmission du VIH. C’est à dire que chaque pays doit élaborer une loi imposant le dépistage du VIH aux femmes enceintes pendant les visites prénatales. Cela pourrait, à mon avis, limiter les dangers irréparables.

La question de la confiance dans un couple n’est pas simple, mais en tout cas elle relève de la sphère privée, de l’intîme, et pas de la justice pénale :

Tout dabord un grand merci pour vos témoinages, jai été très touchée et en même très curieuse.. Je ne suis pas séropo enfin je ne pense pas... Y a deux ans, alors que mon ex-copain ne supportait pas notre rupture et voyant que je ne lui parlais plus, il a essayé de trouver une stratégie pour que je revienne vers lui, elle était la suivante : un jour, il m’a envoyé un message en me disant que je vais regretter à vie d’avoir couché avec lui et qu’il a le sida. Il me paraissait si sérieux, que j’ai paniqué et je me suis effondrée j’ai de suite voulu faire un test et pendant les jours d’attentes au résultat, j’ai contracté psychologiquement tous les symptômes...alors q’en fait je n’avais rien, il a inventé cette histoire par plaisir.... Donc vous voyez jusqu’où le mensonge peut mener... Au moment où j’ai appris cette supercherie, j’ai pensé à toutes ces personnes vraiment atteintes et dire qu’il y a des gens qui blaguent là-dessus, un instant j’ai souhaité qu’il soit vraiment malade pour qu’il voit ce que c’est. Bisous à tous.

Monique avait déjà écrit sur le site pour raconter comment, depuis qu’elle a été contaminée, elle évite toute relation avec les hommes :

Bonjour, j’aimerais vous faire part de mon témoinage : je suis séropo depuis maintenant 10 ans j’ai été contaminée par mon époux qui lui-même a été contaminé par une transfusion sanguine et est décédé le 19 novembre 1992 après de longues années de galère, je suis outrée de la façon que l’on traite aujourd’hui les personnes qui sont porteurs du virus, si celles-ci savent qu’elles sont séropo, ne peuvent, elles, ne pas prendre leurs responsabilités vis-à-vis des autres, loin de là à penser que je suis pour les incarcérations car cela n’arrange rien à la situation, mais je trouve que nous en FRANCE nous tombons vraiment dans le système AMERICAIN qui est de loin un des meilleurs, c’est à dire procès à gogos pour n’importe quoi, cela est vraiment lamentable à mes yeux ; je vous dirais également que moi j’aurais aussi pu porter plainte mais à quoi cela m’aurait-il servi ? je suis quand même malade et j’aimais mon homme, le père de ma fille, la seule chose qui me révolte, c’est de voir nos ministres qui étaient à mes yeux les seuls coupables de notre malheur se retrouver aux premiers bancs de la scène sans scrupules et honte de ce qu’ils ont fait, je trouve que là il y a du travail à faire, nous tous ensemble, et ne pas se tirer dans les pattes, comme l’on dit.

Enfin, c’est Youcef qui revient sur l’argument de la responsabilité personnelle :

Si certaines et certains veulent faire passer les victimes (car se sont des victimes) pour des hystériques, je les condamnerais comme je condamne le silence d’une personne séropo vis-à-vis de sa/son partenaire d’un jour ou de toujours. Lorsque l’on est séro, il y a le devoir moral d’informer, de protéger, pour ne pas laisser d’autres entrer dans ce terrible et cruel face-à-face avec un ennemi mortel, qui ne fait ni dans la dentelle ni dans le sentiment. Vivre dans le mensonge serait devenu "pardonnable" parce que contaminé ? Alors, cela voudrait dire simplement qu’au nom d’un mal endémique, on s’exonère des devoirs envers ses prochains, humains ? Transmettre le virus, c’est nourrir la pandémie, c’est surtout ne pas respecter les mesures de protection que l’on ne cesse d’enseigner depuis l’apparition de celle-ci. Curieusement, les modèles de communication les plus récurrents sont en direction de séronégatifs...

Les victimes ne sont pas coupables, les séros qui contaminent ont toutes et tous une seule et unique arme de déstruction massive, mais absolue : le silence, l’ommission. Opportuniste, pour juste tirer un coup en se disant qu’avec un peu de chance, il ne se passera rien. Lâche, silence du premier jour jusqu’au toujours. Ou les deux, après tout, on se pose de moins en moins de questions. séro+, c’est une carte de visite d’exclusion, un aveu terrible... Que l’on tait pour cesser de souffrir. Puis, on en prend l’habitude. De ce silence qui, on le sait, tôt ou tard, ajoute à son propre destin, la destinée de bien d’autres personnes, familles, il reste toujours le même vainqueur, le fil rouge, ou plutôt le ruban, comme un cadeau... C’est l’habitude de taire le fait le plus important qui domine l’existence : SURVIVRE !!! Au sida... Youcef

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