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Chiffres du sida

En France, les nouvelles infections par le VIH touchent fortement les immigrés

7 novembre 2004 (Le Monde)

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Ils représentent 20 % des hommes et 40 % des femmes diagnostiqués entre 2000 et 2003. L’Ile-de-France et PACA rassemblent 50 % des cas.

Quel est le visage de l’épidémie de sida en France ? L’enquête Vespa ("VIH-Enquête sur les personnes atteintes") s’attache à y répondre. Elle a été conçue spécifiquement pour étudier les caractéristiques de différents groupes de population touchés par le virus du sida et pas seulement leur mode de contamination.

Ses premiers résultats sont publiés vendredi 5 novembre dans le bulletin de l’Institut national d’études démographiques (INED), Populations et sociétés.

France Lert (Inserm U88), Yolande Obadia (Observatoire régional de la santé de PACA) et leur équipe ont mené l’enquête en France métropolitaine, en 2003, auprès d’un échantillon de près de 3 000 personnes suivies à l’hôpital pour une infection par le VIH. Dans les deux tiers des cas, le diagnostic de l’infection par le VIH avait été fait avant 1996.

L’infection continue de toucher surtout les hommes (plus de 7 cas sur 10), avec toujours deux régions particulièrement concernées, l’Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur (50 % des cas à elles deux). La proportion d’usagers de drogue diminue, tandis que celle des immigrés d’Afrique subsaharienne s’accroît. Les immigrés représentent plus de 20 % des hommes et plus de 40 % de femmes au sein de la population diagnostiquée entre 2000 et 2003. Dans près de la moitié des cas, ils n’ont pas d’activité professionnelle.

"La féminisation de l’épidémie se fait de façon très lente, analyse Mme Lert, notamment en raison de la stabilité du groupe des hommes homosexuels au sein duquel existe une permanence de la transmission du VIH. Par ailleurs, l’épidémie est aussi alimentée par une population migrante chez laquelle le diagnostic de séropositivité est fait à une date de plus en plus proche de l’arrivée en France."

L’étude Vespa illustre le fort retentissement social de l’infection par le VIH. Dans cette population âgée pour les trois quarts de 30 à 49 ans, la perte de l’activité professionnelle, malgré l’efficacité des traitements antirétroviraux, est importante. Chez les moins de 60 ans (95 % de la population étudiée), 40 % des hommes et 55 % des femmes sont inactifs. Un peu plus du quart des personnes (27 % des hommes et 29 % des femmes) ont une invalidité reconnue.

"Les gens ne sortent pas du statut d’invalidité, soit parce qu’ils sont découragés, soit parce que le dispositif social n’est pas capable de les ramener vers l’emploi", commente Mme Lert.

Les différents groupes définis dans l’enquête ne sont pas tous logés à la même enseigne. Parmi les homosexuels masculins, 69 % travaillaient au moment de l’enquête, la moitié d’entre eux étant cadres ou exerçant des professions intermédiaires. Un homosexuel séropositif sur cinq est en invalidité. Au contraire, 52 % des usagers de drogue sont en invalidité, et 38 % ont une activité professionnelle.

A la différence des autres groupes, les immigrés ont un taux d’activité qui "augmente après le diagnostic (de 43 % à 49 %)". Leur taux d’invalidité reconnue (16 %) est plus faible que dans les autres groupes "en raison du diagnostic plus récent et peut-être aussi de leur plus grande difficulté à obtenir les prestations sociales auxquelles ils peuvent prétendre, comme l’allocation pour adulte handicapé", avancent les auteurs de l’enquête.

Paul Benkimoun