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Drogues et réduction des risques (RDR)

Drogue : émergence d’une population d’usagers plus jeunes et marginalisés

5 novembre 2004 (AFP)

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PARIS (AFP) - Les structures françaises d’accueil de toxicomanes ont constaté en 2003 l’émergence d’une population d’usagers de drogue plus jeune, dont la marginalisation sociale est encore plus importante que chez leurs aînés, selon une étude publiée vendredi.

Dans son cinquième rapport TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues), l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) décrit ces "nouvelles populations", reçues dans des centres de soins, des boutiques d’échanges de seringues, ou rencontrées dans des squats ou des "lieux festifs".

Selon ces observations de terrain, "il semblerait qu’un rajeunissement des populations soit en cours".

Le rapport détaille trois composantes à ce phénomène : des jeunes "fortement marqués par la culture techno, revendiquant certaines formes de marginalité et en particulier le nomadisme", "des personnes en rupture avec leur famille" et d’autres "récemment immigrées provenant notamment de l’est de l’Europe", Russes, Géorgiens ou Polonais qui forment des "cercles fermés".

A Bordeaux, un observateur évoque des "jeunes gens qui vivent en squat" ; à Lyon, ce sont des "SDF new-age", "groupes de jeunes, parfois mineurs, de plus en plus visibles", "gamins paumés" qui ont comme seul projet la "survie en tribu". Un Parisien évoque "des zonards, nomades ou en errance, vivants dans des squats ou des camions, qui auraient débuté leur carrière de consommateurs très précocement dans des milieux festifs".

Ces jeunes, selon le rapport TREND, vivent "dans une situation de souffrance sociale encore plus importante". Les 15-24 ans, qui représentent 26% de la population reçue dans les structures participant à l’enquête, comptent pour près de la moitié (45%) des personnes privées de couverture sociale".

"Plus de six sur dix déclarent vivre dans un logement précaire (22%) ou n’avoir aucun logement (39%)" et "plus d’un tiers (37%) ne dispose d’aucune ressource", contre 8% des plus de 25 ans, âge minimal pour bénéficier du RMI.

Cette évolution est d’autant plus inquiétante que ces populations, réticentes à se rendre dans des structures d’aide, "pourraient n’être qu’une petite partie visible". "Ces populations ont du mal à se reconnaître dans des structures plus anciennes", relève Pierre-Yves Bello, responsable de l’étude.

Ces usagers ont des modes de consommation spécifiques. Les 15-24 ans consomment plus de stimulants et d’hallucinogènes et moins d’opiacés, notamment d’héroïne, que leurs aînés. Ainsi, au cours du mois écoulé, 59% ont pris de l’ecstasy (23% chez les plus de 25 ans), dont la consommation "hors de tout contexte festif" progresse. Le constat vaut pour la cocaïne en poudre (42% contre 33%), les champignons hallucinogènes (30% contre 9%) et le LSD (23% contre 7%).

Le mode de prise des stupéfiants, quels qu’ils soient, est également différent : les 15-24 ans sniffent plus que les usagers plus âgés (57% contre 28%) et s’injectent moins (28% contre 40%).

Cependant, des observateurs ont relevé localement des comportements qui vont à l’encontre de ce constat global : un Parisien relève une "véritable montée de l’injection" chez des "jeunes en rupture de ban, très abîmés sur le plan sanitaire".

Il y a un "changement de perception de l’injection avec l’attrait pour les comportements plus destroy", relève un autre. A Rennes, l’"injection augmente dans les milieux festifs".

Les contaminations virales relevées chez les 15-24 ans restent moins fréquentes (6% pour le sida, 17% pour l’hépatite C et 3% pour l’hépatite B). Mais c’est aussi parce qu’ils se font moins dépister (environ un jeune sur deux).

Le rapport est disponible sur le site de l’OFDT.

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