Drogues et réduction des risques (RDR)
Substitution : les réactions dans les médias au rapport de l’ANAE
8 septembre 2004 (MILDT)
L’AFP, le Figaro, Libération la Croix et 20 Minutes rendent compte des recommandations du groupe d’experts réuni par l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES) sur la place des traitements de substitution destinés au personnes dépendantes des opiacés .
D’après l’AFP, les traitements de substitutions dont bénéficient près de 100 000 toxicomanes ont permis de sauver près de 3500 vies de 1996 à 2003, mais des progrès restent à faire, selon les recommandations des experts . L’agence qui mentionne une division par 5 du nombre de décès par surdose entre 1994 et 2002 et souligne que trois patients sur quatre estiment « s’en être sortis », précise que cependant, selon les participants à la conférence de consensus organisée sur le sujet, « des zones d’ombres demeurent » avec un accès aux médicaments inégal selon les zones géographiques et insuffisant pour les personnes à statut précaire. Rapportant que selon le Pr San Marco, président de la conférence de consensus, il faudrait permettre aux généralistes volontaires et formés de prescrire de la méthadone - dont la première prescription ne peut actuellement être réalisée qu’à l’hôpital- l’agence note que pour les experts il faut parallèlement renforcer la sécurité du dispositif pour éviter les abus et mauvais usages de buprénorphine (Subutex) que certains toxicomanes s’injectent ou associent à d’autres médicaments. Selon le Dr Alain Morel, président du comité d’organisation de la conférence de consensus, 5 à 6% des patients se livreraient à des abus en recourant à de multiples prescripteurs, voire en alimentant un marché noir. Le Pr San Marco indique pour sa part que seulement 6% des consommateurs sont à l’origine de 25% des quantités remboursées et que les caisses d’assurance maladie devraient « alerter » les médecins concernés. L’agence qui précise que selon les experts il faut pouvoir élargir l’accès de la méthadone « à tous les généralistes volontaires », ajoute qu’ils préconisent aussi un changement de présentation du Subutex pour que les toxicomanes ne se l’injectent pas. Le ministre de la santé qui a jugé que « la politique de substitution a fait preuve de son efficacité » a confié le suivi de ces recommandations à une commission.
Le Figaro qui reconnaît « les résultats positifs des substituts à l’héroïne » souligne qu’après une « acceptation difficile dans la société, ces produits (…) ont notablement changé la donne » avec diminution par cinq des surdoses, amélioration de l’insertion des usagers, réduction des contaminations par le VIH, chute des chiffres de la délinquance . Le journal qui dresse le même constat que l’AFP observe aussi que la méthadone est encore trop peu distribuée par rapport au Subutex . Evoquant le « problème majeur » des détournements de Subutex, le journal mentionne les adaptions proposées au dispositif actuel : formation des médecins et pharmaciens à la substitution, contacts entre ces professionnels pour repérer les consommateurs nomades, délivrance de la méthadone par les médecins de ville « car il est inacceptable que dans certaines zones les usagers ne puissent pas en bénéficier » (ce en quoi le quotidien voit « un sacré revirement par rapport à ce qui se disait il y a 10 ans »), centralisation des données pour éviter « les dérapages des prescripteurs multiples », diversification des dosages et de la présentation des produits pour mieux répondre aux nécessités du traitement, recherches sur de nouveaux procédés galéniques pour éviter les injections de comprimés. Toutefois pour le quotidien, il va de soi que de surcroît une « prise en charge (…) psychologique, sociale et familiale est indispensable ». Sur « l’épineuse question » de la durée des traitements, le Pr Morel affirme qu’il "n’y a pas de critère" mais qu’ « il existe néanmoins des critères positifs – stabilisation sociale, éloignement du milieu lié aux toxiques, etc … ». Act Up déclare cependant « de nombreux patients aimeraient aussi décrocher de cette nouvelle dépendance. Et malheureusement on est encore très peu documenté sur les vertus respectives de ces différents médicaments ».
Libération estime que « les soins aux ex drogués (sont) perfectibles ». Le journal qui dresse à son tour un bilan positif de moins de 10 ans de substitution, considère que cependant « on peut mieux faire » selon les recommandations d’un groupe d’experts. Le quotidien qui note que selon le Pr San Marco il faut proposer "un vrai choix thérapeutique" précise que cela signifie la prescription de la méthadone en premier traitement par les généralistes afin d’éviter un « déséquilibre avec le Subutex qui représente encore plus de deux tiers des ordonnances et se révèle parfois inadapté ». Le quotidien rapporte aussi que « pour éviter le mésusage, les abcès dus à l’injection de Subutex, l’Anaes recommande de développer un produit injectable » et selon Aude Lalande d’Act Up, « d’assumer des salles d’injection comme c’est déjà le cas en Allemagne ». D’après Libé pour lutter contre le marché noir les experts préconisent aussi « un système de déclaration » permettant de repérer les nomades tout en préservant leur anonymat.
Une brève dans la Croix et dans 20 Minutes.