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Criminalisation des séropositifs

Sida Info Service : condamnation d’un séropositif à Strasbourg

30 juin 2004 (Sida Info Service)

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Le Tribunal correctionnel de Strasbourg a condamné à six ans d’emprisonnement un homme poursuivi pour avoir contaminé délibérément deux partenaires à l’occasion de rapports sexuels

Il y a à peine un mois le Tribunal correctionnel de Strasbourg a condamné par défaut à six ans d’emprisonnement un homme poursuivi pour avoir contaminé délibérément deux de ses partenaires à l’occasion de rapports sexuels. Ce jugement vient d’être confirmé, ce lundi 28 juin, après que la personne a été mise à même de présenter sa défense.

Comme nous l’avions affirmé le 25 mai dernier, il ne saurait être question de nier les détresses individuelles des victimes authentiques d’une contamination volontaire par le partenaire sexuel autrefois désiré et/ou aimé. Elles doivent être entendues. C’est notamment pour cela que les victimes saisissent les juridictions pénales. Elles peuvent alors obtenir des condamnations dans les cas exceptionnels où la volonté de nuire est avérée ainsi que la trahison patente d’une confiance partagée et éclairée au sein du couple. [1]. C’est ce que vient de juger le Tribunal correctionnel de Strasbourg.

Rappelons encore qu’au delà de ces cas, la condamnation pénale de ce que l’on appelle la « transmission sexuelle volontaire » ne peut entrer dans une stratégie de prévention globale. Cela aurait des effets contre-productifs graves puisque punir la contamination sexuelle reviendrait implicitement à :

- faire reposer la prévention sur les seules personnes séropositives,

- stigmatiser les personnes séropositives comme seuls acteurs de contamination,

- renoncer à responsabiliser les individus sur la connaissance de leur statut sérologique,

- renoncer à faire comprendre que le rapprochement sexuel non protégé, sur fond de reprise épidémique du sida, demeure une responsabilité partagée.

Dans un tel contexte, il faut continuer à penser avec sagesse qu’une telle condamnation ne renverse pas le fondement sur lequel est construit toute la prévention : la responsabilité des deux personnes engagées dans la relation sexuelle. Veillons à sauvegarder cette conception.

Contacts presse :

- Charmaine Da Costa Soarès, AIDES, 01 41 83 46 42.

- Thierry Lesellier, Sida Info Service, 01 44 93 16 16.

Notes

[1] Cette phrase est reprise du communiqué de l’association AIDES. C’est la première fois que ces associations parlent de victimes authentiques (pour ne pas dire victimes innocentes, contrairement à d’autres qui seraient coupables ?!) et qu’au nom d’un regard moral sur les relations de couple (la fidélité en tant que valeur, la confiance, etc.) elles affirment qu’il deviendrait légitime de pénaliser la contamination. Il n’en est rien. Lire notre article, Pourquoi nous refusons l’enfermement de nos contaminateurs.

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