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Angleterre | Criminalisation des séropositifs

Huit ans de prison pour un séropositif ayant infecté deux femmes

3 novembre 2003 (AFP)

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LONDRES, 3 novembre 2003 (AFP) - Un homme séropositif de 38 ans a été condamné à huit ans de prison lundi à Londres pour avoir sciemment transmis le virus VIH à deux femmes, une condamnation sans précédent au Royaume-Uni.

A l’issue de son procès le mois dernier, Mohammed Dica avait été reconnu coupable de "coups et blessures volontaires" pour avoir transmis sexuellement le virus du sida, une première en Angleterre et au Pays de Galles.

Le juge Nicholas Philpot a qualifié lundi de "méprisable" l’attitude de M. Dica, qui n’a pas réagi en apprenant sa condamnation.

Son avocat a indiqué qu’il envisageait de faire appel de cette condamnation, ce qui pourrait renvoyer l’affaire devant la chambre des Lords.

"Dans chacun des cas, vous avez abusé d’une relation amoureuse, l’amour venant au moins d’un côté, pour porter des coups et blessures volontaires", a déclaré le magistrat.

Le procureur Mark Gadsden avait estimé que cette contamination volontaire constituait en fait un cas de "coups et blessures biologiques".

Selon lui, M. Dica avait persuadé ces deux femmes d’avoir des rapports sexuels avec lui sans prendre de précaution particulière après avoir dit à la première qu’il avait subi une vasectomie et à la seconde qu’il l’aimait et voulait avoir des enfants.

Mohammed Dica, originaire du Kenya, marié et père de trois enfants, était arrivé en Grande-Bretagne en 1993. Sa séropositivité avait été diagnostiquée deux ans plus tard.

Ses victimes, une femme divorcée et une mère de deux enfants, toutes deux âgées d’une trentaine d’années, sont désormais condamnées à mort à plus ou moins long terme, avait affirmé le procureur lors du procès.

"Chacune de ces femmes souffre maintenant d’une maladie incurable, a souffert des effets divers de l’infection et ne parvient à contrôler sa vie qu’au prix d’un traitement médicamenteux fréquent, lourd et permanent", a souligné le juge Philpot lundi.

L’une d’elles, âgée de 36 ans et qui a gardé l’anonymat pour des raisons juridiques, a expliqué que son ancien amant était "un type très gentil, attentionné, très amical et très sociable".

Il lui avait affirmé qu’il avait subi une vasectomie pour la persuader d’avoir des relations sexuelles non protégées. Pourtant chaque fois qu’ils faisaient l’amour, il lui disait "je suis tellement désolé, je t’en prie pardonne-moi, que Dieu me pardonne", a-t-elle raconté.

L’un des responsables de l’enquête, l’inspecteur Jo Goodall, s’est félicité de ce "bon résultat".

Les deux victimes "sont persuadées que Dica a infecté d’autres femmes et elles espèrent qu’elles vont maintenant se manifester", a-t-il déclaré à la sortie du tribunal. "Nous envisagerons alors évidemment de nouvelles poursuites".

Il y a plus d’un siècle, un homme qui avait transmis une blennorragie à son épouse avait été condamné pour "coups et blessures", mais la Haute Cour avait annulé cette condamnation.

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