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Zina : « Ras-le-bol de cette société qui nous impose une manière de vivre »

29 novembre 2012 (papamamanbebe.net)

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Sandra : Je vous propose un débat de société, un débat sur le mariage homosexuel avec Zina, qui avait un coup de gueule à faire passer. Zina habite à Chamonix avec sa fille. L’air de la montagne lui fait beaucoup de bien. La dernière fois qu’on a pris de ces nouvelles c’était le 6 novembre. Alors Zina, comment tu vas depuis la dernière fois qu’on s’est parlé ?

Début de l’enregistrement :

Zina : Très bien, je vais toujours aussi bien. La vie est belle. Aujourd’hui j’ai fait des démarches, je suis allée au pôle emploi et puis j’ai fait d’autres démarches administratives. Sinon ce matin je me suis reposée parce que les deux dernières semaines j’avais un travail, enfin j’ai bossé quoi, un travail assez dynamique on va dire et fatiguant.

Sandra : Aujourd’hui si tu participes à l’émission c’est parce que tu avais un coup de gueule à faire passer, c’est à propos de tout ce qui se passe autour du mariage homosexuel. Alors toi tu es pour ou contre le mariage homosexuel ?

Zina : Je suis pour que chacun fasse comme il le sent. Je pars du principe qu’à partir du moment où on emmerde personne, on est libre de faire ce qu’on veut et d’être ce qu’on est.

Sandra : Que penses-tu de ces manifestants qui ont manifesté contre le mariage homosexuel ? Est-ce que tu comprends qu’ils descendent dans les rues ou pas du tout ?

Zina : Bah je ne comprends pas du tout en fait. Ca me dépasse parce que je ne vois pas en quoi des homosexuels qui se marient vont les déranger. Le terme employé souvent c’est que l’homosexualité est contre-nature. Pour ma part, il n’y a qu’une chose qui est contre-nature, c’est d’aller à l’encontre de sa nature. Quand on est homosexuel, on n’a pas demandé à l’être. Ce n’est pas une mode, on l’est, on est comme ça. Pour moi c’est contre-nature que d’empêcher des gens de vivre qui ils sont. J’irai même plus loin parce que, là je parle de l’homosexualité mais c’est carrément au sens large je veux dire. Moi j’en ai vraiment ras-le-bol de cette société qui nous impose une manière de vivre, une manière d’être selon des critères, on ne sait même pas d’où ils sortent en plus. Tout ça pour empêcher chacun d’être qui il est. Je trouve que c’est quelque part, nous mettre dans une prison, je parle au sens large, pour ma part je suis 100% hétérosexuel. Pour ma part, je ne suis pas quelqu’un de conforme, je suis plutôt considérée comme quelqu’un de marginal, de part ma vie, même de part aussi sûrement ma séropositivité et je suis pour la liberté de chacun. Je me dis que vraiment tous ces gens qui vont descendre dans la rue, perdre du temps pour une cause qui ne les concerne absolument pas, en plus j’ai entendu qu’ils disaient on n’est pas d’accord parce qu’après ils voudront adopter des enfants. Soit disant pour le bien des enfants. Je suis désolée à la limite, qu’ils descendent dans la rue, parce qu’on ne les voit jamais ces gens descendre dans la rue pour les enfants qui sont maltraités. Je ne vois pas en quoi un enfant serait malheureux de grandir avec un couple homosexuel et je pense même que ce serait mieux, ce serait une chance pour eux plutôt que de rester dans des foyers ou passer de familles d’accueil en famille d’accueil. Parmi les couples hétérosexuels, il y en a pleins, je suis désolée quoi, ça laisse à désirer au niveau de leur rôle de parents.

Sandra : En France, la polygamie c’est interdit. Est-ce que tu trouves ça normal ?

Zina : Non, c’est pareil. Moi j’estime qu’à partir du moment où il y a des adultes consentants qui ne vont pas embêter les autres, j’estime que chacun peut faire ce qu’il a envie. Est polygame qui a envie d’être polygame. Est homosexuel qui a envie d’être homosexuel. J’ai une amie qui a 50 et quelques années qui elle, a fait le choix de ne pas avoir d’enfant. A chaque fois qu’on lui pose la question, qu’elle se retrouve avec des gens qu’elle ne connait pas et elle se retrouve à discuter, et qu’on lui demande si elle a des enfants elle dit non. Alors on lui demande si, ah bon tu n’as pas d’enfant ? Tu es stérile ? Tu n’as pas pu en avoir ? Elle dit non non. C’est juste un choix. Les gens la regardent, se mettent à la juger parce que cette femme n’est pas normale de ne pas avoir voulu d’enfant. Encore une fois, c’est pareil, on nous demande d’être conforme. C’est un homme avec une femme. On se doit d’être en couple, on se doit d’avoir des enfants. Plusieurs fois j’ai entendu l’histoire du mari qui a des enfants et puis parce que la société lui a interdit quelque part d’être homosexuel et tout d’un coup, arrivé à 40 ans, peu importe l’âge, il s’en va parce que ce n’est pas sa vie et donc il laisse derrière lui une femme qui est malheureuse, des enfants qui sont malheureux, alors que tout cela ne serait pas arrivé si on nous laissait libre d’être qui on est.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Zina, au micro de Survivre au sida. Le débat est lancé. Etes-vous du même avis qu’elle sur le mariage homosexuel, sur la polygamie, etc ?

Francis : Moi, je suis d’origine africaine. Dans mon pays à la base la polygamie existe. Toutes les religions sont respectées au même titre et dans certaines religions la polygamie est autorisée. Bon la polygamie est officiellement autorisée. Cette histoire de polygamie ou on n’assume ou on n’assume pas. Le plus important c’est d’être honnête avec les partenaires, que les partenaires soient honnêtes, que tout le monde accepte de jouer clairement le jeu plutôt que de jouer à la politique de l’autruche. Dire non non, il n’y a pas la polygamie mais en fait dans le vécu quotidien c’est ni plus ni moins la polygamie que les gens vivent. Il y a beaucoup d’hypocrisie et il y a beaucoup de souffrances dans cette situation.

Yann : Ca reviendrait plutôt à avoir une maîtresse ou un amant.

Francis : Voilà.

Tina : Ou bien des couples à trois. Moi j’ai parmi mes amis une personne qui a vécu pendant 25 ans en couple à trois.

Yann : En harmonie en plus.

Tina : En harmonie oui.

Francis : Voilà.

Tina : C’était un choix. Polygamie souvent on entend autre chose par ça aussi, on entend la soumission des femmes parce que polygamie c’est, que je sache, uniquement le fait qu’un homme puisse épouser plusieurs femmes. Ce n’est pas une femme qui épouse plusieurs hommes. Polygamie dans le sens qu’on l’entend, c’est quand même lié à la soumission des femmes. Donc là-dessus il faut faire attention. Mais si des gens décident de vivre en couple à plusieurs, c’est un choix.

Antigone Charalambous : Là-dessus, l’argument du libre consentement, les adultes, bon consentement est censé être libre, sinon s’en n’est pas un, je l’entends dans le mariage homosexuel parce qu’il s’agit de deux personnes qui souhaitent concrétiser une union devant la société. Dans la question de la polygamie je ne le vois pas du tout comme ça puisqu’il s’agit d’une emprise qui n’est pas du tout choisie par l’une des deux parties. C’est assez particulier. C’est souvent un homme qui choisi une femme pour épouse. C’est quand même lié à une condition qui n’est pas celle qui répond…

Yann : Non et puis il y a une histoire…

Antigone Charalambous : à certains critères de consentement que moi je considère essentiels.

Yann : Par rapport à l’Afrique je pense que ça, tu peux mieux nous en parler mais il y avait une raison quoi.

Francis : Ce que je n’aime pas, ce que je n’approuve pas, c’est le mariage forcé. Quand la famille…

Yann : Donne un enfant…

Francis : Voilà, oblige les gens. Quand le mariage il est forcé, ok là je ne suis pas du tout d’accord. Mais consentement entre adultes après, voilà. Mais il faut dire aussi que quelque part en Afrique, les polygames sont le plus souvent des personnes qui sont matériellement nantis qui…

Antigone Charalambous : Qui sont exclusivement des hommes.

Yann : Oui, oui certes. Mais ce que veut dire Francis…

Francis : Mais malheureusement…

Yann : C’est qu’il y avait une raison aussi, c’est que ça permettait à un peuple de pouvoir subvenir à plusieurs personnes dans le même foyer quoi.

Francis : Voilà.

Yann : C’est pour ça qu’ici, ça ne peut pas s’appliquer réellement. C’est culturel là-bas. Même en Afrique maintenant, c’est en train de se perdre.

Francis : Parce que de toute les façons maintenant la famille c’est monsieur, madame, les enfants…

Antigone Charalambous : Parce que les gens ont découvert le bonheur…

Yann : De la liberté.

Antigone Charalambous : Des relations amoureuses exclusives (rires).

Francis : Voilà, et de plus en plus il y a des jaloux, de plus en plus le coût de la vie même, les gens ont envie d’avoir un certain standing de vie. Cela a un coût, celui qui était riche du coup il n’est plus forcément aussi riche. Du coup il ne peut plus être aussi dispendieux…

Antigone Charalambous : D’ailleurs, plus on a avait de femmes, plus on était riche.

Francis : Entre autres. Plus on avait de femmes…

Antigone Charalambous : Ce qui n’est pas très valorisant quand même pour la femme. Elle est encore une fois un faire valoir.

Sandra : Il y a la polyandrie aussi.

Yann : Non mais sur le fond on est tous d’accord j’espère.

Antigone Charalambous : La polyandrie ! Parlons-en (rires). Elle est où cette polyandrie ? (rires).

Yann : C’est quoi ?

Sandra : La polyandrie c’est donc les femmes qui ont plusieurs maris.

Antigone Charalambous : La polyandrie c’est la possibilité d’avoir plusieurs hommes, andres, donc plusieurs hommes.

Yann : Moi je suis pour hein.

Francis : Si vous avez des offres, je suis preneur (rires).

Antigone Charalambous : Oui c’est ça. (rires).

Sandra : Aller, le débat continue sur le site…

Yann : On ne parle pas des amazones ?

Sandra : Non.

Antigone Charalambous : C’est un mythe !

Sandra : Le débat continue sur le site survivreausida.net

Transcription : Sandra JEAN-PIERRE