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Finies les discriminations pour les bébés nés de mères séropositives à la maternité de Saint-Brieuc grâce à Loane, maman pour la troisième fois
25 janvier 2012 (papamamanbebe.net)
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Écouter: Finies les discriminations pour les bébés nés de mères séropositives à la maternité de Saint-Brieuc grâce à Loane, maman pour la troisième fois (MP3, 4.6 Mo)
Sandra : Rubrique correspondance avec maintenant une correspondante du Comité des familles qui s’appelle Loane. Le Comité des familles, je rappelle, une association créée et gérée pour et par des familles concernées par le VIH. Loane, vous l’avez déjà entendue à l’émission de radio. Elle était venue à Paris et en fait elle habite à Saint-Brieuc, donc c’est en Bretagne. Elle est maman pour la troisième fois, je vous propose de l’écouter tout de suite.
Début du son.
Loane : Je suis Loane, j’habite dans les Côtes d’Armor. J’ai 29 ans, bientôt 30 et j’ai trois enfants. Une de 11, une qui va avoir 5 ans et un bébé de deux mois après-demain.
Sandra : Bah déjà félicitations pour ton dernier bébé.
Loane : Merci.
Sandra : Elle se porte bien ?
Loane : Oui, très bien. Je vais d’ailleurs avoir les résultats de sa deuxième prise de sang. Tout va bien. Elle est calme donc c’est cool.
Sandra : D’accord super. La dernière fois que tu as participé à l’émission, c’était d’ailleurs aussi la première fois, tu disais que tu avais rencontré quelques soucis à la maternité. Je voudrais savoir, pour ton troisième enfant, comment s’est passé ton accouchement ?
Loane : Ce que j’ai fait, je suis partie à la maternité trois jours avant de rentrer à la date prévue pour savoir si justement ce protocole, ils l’exerçaient encore. De là, la cadre du service maternité m’a rappelée en disant que ça n’avait jamais existé mais qu’elle avait entendu qu’il y avait ce genre de pratique. Donc, elle a mis un mot sur mon dossier comme quoi les enfants issus de mères infectées avait le droit d’aller à la nurserie comme tout le monde et d’être traitée comme tous les autres enfants. Donc c’était écrit en gros sur mon dossier, comme ça, au moins, pour les femmes à venir, ils sont au courant qu’il n’y a pas besoin de faire des choses bizarres. Donc pour moi, tout s’est bien passé. J’ai parlé du Comité des familles en même temps pendant mon petit séjour. J’ai eu ma césarienne, ça s’est passé super vite. En trois quart d’heures, tout était fait. Du moment où je suis partie de ma chambre et du moment où je suis sortie de la salle d’opération ça a duré trois quarts d’heures. Donc après, j’ai revu ma fille qu’en fin d’après-midi. Après, elle a été sous Rétrovir et puis tout va bien. C’est en fait, ce que j’ai vécu après, c’est plus après la maternité du coup. C’est ma visite de mardi après ma sortie du samedi à la PMI, ils ont marqué qu’elle a du Rétrovir. Et de là, je lui ai expliquée à la dame, à la puéricultrice, que j’aurais apprécié qu’elle me demande avant d’écrire quoi. Donc de là, elle me l’a mis en blanco, elle m’a proposée même de changer carnet de santé. Je lui ai dit que non, que ce n’était pas grave et de faire attention, comme je le dis, pour les autres personnes.
Sandra : Comment ça se passe la vie maintenant avec trois enfants ? Est-ce que ça change ou c’est comme avant ?
Loane : J’ai de la chance d’avoir un papa qui est quand même là. Actuellement, il ne travaille pas donc il s’occupe bien de la petite et moi, je fais plus de choses avec les grandes. Bon, c’est vrai que ma fille est passée au collège. Donc c’est tout un cérémonial. La semaine est un rythme. C’est un rythme à prendre. On s’y fait et puis ça va. Pour l’instant elle est bébé donc c’est vrai que ce n’est pas trop difficile. Elle dort, elle mange.
Sandra : Tes deux autres enfants sont contents d’avoir une petite soeur ?
Loane : Oui. Et c’est vrai qu’elle est tellement calme que du coup, on ne peut que l’aimer.
Sandra : D’accord. Pour l’instant ! (rires). Non mais c’est super. Avant de parler de tout ce que tu as fait en tant que correspondante du Comité des familles, on va te découvrir un petit peu. On va revenir je pense sur un point de départ. La rencontre entre toi et ton compagnon.
Loane : Je l’ai rencontré chez des amis en commun en fait. Chez une amie. C’était l’ami de son amie. Donc puis on s’est croisé plusieurs fois et puis voilà. Au fur à mesure on est venu à se parler et puis à se voir. On s’est rencontré comme ça. De là, je lui ai dit tout de suite ce qui en était et puis voilà, on a fait notre petit bout de chemin et tout se passe bien.
Sandra : Par rapport à ta séropositivité, comment ça s’est passé ? Est-ce que tu as appréhendé le moment de l’annonce ?
Loane : Comme je te disais, Saint-Brieuc, c’est petit. Comme j’avais dit à l’émission, même les gens de son côté en parle. Donc je me disais que de toute façon, il devait savoir que je l’avais parce que je sais très bien que les gens le savaient. Avec les gens qu’il fréquente, je me disais sûrement qu’il devait déjà être au courant. Je suis partie dans ce sens-là. Maintenant je lui ai dit ouvertement et puis il n’a pas réagit plus que ça. Il m’a posé des questions, enfin, des questions qu’on se pose tous. Comment ça se passe, des choses comme ça. Maintenant quand il voit que j’oublie mes cachets il me dit : T’as pris tes cachets ? Voilà, c’est agréable aussi parce que parfois c’est vrai qu’on peut avoir un coup de barre et puis vouloir dormir. Non bah prends-les. Là-dessus, il est très bien. Il ne pose pas plus de questions que ça. De toute façon, je lui parle ouvertement. Pour la césarienne, je lui ai expliqué comment ça se passait, les médicaments, il était déjà au courant. Du coup, je l’avais déjà préparé.
Sandra : Et qui a dragué l’autre alors ? Ou charmé l’autre ?
Loane : Non mais souvent on s’est parlé, du coup, il m’a appelée, il m’a demandé si on pouvait se revoir. Donc je lui ai proposé de venir à la maison, on a un bu un café et puis au fur et à mesure, il est venu boire des cafés plus souvent, puis voilà.
Sandra : Pas de jeu de séduction particulier quoi.
Loane : Non, je pense qu’en fait on l’a senti. Enfin moi je sais que dès que je l’ai vu, je l’ai senti direct bien. Donc, je pense qu’il y a un feeling qui était déjà là. On a fait que l’exploiter.
Sandra : Comment a t-il été accueilli dans ta famille ?
Loane : Ah bien, c’est quelqu’un de très calme. Très posé. C’est quelqu’un qui à l’inverse de moi ne parle pas beaucoup. Donc on s’entend bien. Il est très calme. C’est vrai qu’il s’occupe de mes filles quand je ne suis pas là. Par exemple, quand je fais les trucs pour le Comité ou je vais à des réunions, des trucs comme ça, il s’occupe des autres. Il n’y a pas de problème, c’est quelqu’un de très bien.
Sandra : Ca fait combien de temps que vous êtes ensemble maintenant rappelle-moi ?
Loane : 1 an et demi.
Sandra : Et comment c’est venu le sujet de faire un bébé ?
Loane : Bah en fait, je suis tombée enceinte par hasard. Lui pensait qu’il ne pouvait même pas en avoir d’enfant. Le sujet est venu. Il en parlait parce qu’il disait : j’aimerais bien en avoir. Surtout qu’il voyait mes filles. En fait, je suis tombée enceinte, voilà, tout content.
Sandra : Ah d’accord donc c’était par hasard. Donc du coup, vous l’avez fait naturellement. Vous n’avez pas eu ce genre discussion ? Il savait déjà en fait.
Loane : Comme à chaque fois que je rencontre quelqu’un ou même des amis à qui j’explique la maladie, comment tu as fait tes enfants, comment tu les as eus. Alors je leur explique. Bah écoute, moi j’ai mes résultats, la personne elle fait ce qu’elle veut, on se protège. Si elle préfère sans bah, on fait sans. Maintenant, je sais que je suivie. La personne fait des dépistages souvent. Tout est dans la discussion. Et, j’ai expliqué que, en général, une femme contamine moins qu’un homme et que, en plus, quand on se fait traiter, on est indétectable. Il faut connaître sa maladie pour pouvoir en parler librement je pense.
Sandra : Donc il a accepté tout de suite, pour ce qui est des relations sexuelles, vous vous êtes jamais protégés par les préservatifs mais protégés par les traitements du coup ?
Loane : Si, au début, on se protégeait. Mais c’est après, quand il m’a dit écoute voilà, on est ensemble. J’avais parlé du sujet avant donc du coup, on en est arrivé là.
Fin du son.
Sandra : Vous venez d’écouter Loane. On l’écoutera à nouveau dans un instant. Je précise qu’elle est séropositive depuis 1999. Elle a fait une primo infection en fait et a donc été mise tout de suite sous traitement. Depuis, elle a une charge virale indétectable. On voit qu’elle connaît très bien son VIH, comme elle dit, qu’il faut bien connaître sa maladie pour pouvoir en parler. Ca fait plaisir d’entendre que tout s’est bien passé pour son troisième enfant, son troisième bébé. Tina, tu te rappelles, la dernière fois, qu’est-ce qui s’était passé ? Est-ce que tu peux rappeler aux auditeurs de l’émission ce qu’elle a vécu ?
Tina : Oui, pendant ses deux premiers accouchements, ce qui s’est passé à la maternité dans l’hôpital de Saint-Brieuc, c’est que, les soignants ont prétexté qu’il y a un protocole qui interdit. Elle a eu les deux enfants par césarienne. Ses deux premières filles par césarienne, comme aussi la dernière. Et donc, la nuit qui suit la césarienne, en cas normal, on prend le bébé, pour que la maman puisse se reposer, parce qu’il y a la cicatrice, c’est difficile de se lever, quand le bébé il pleure et tout. Et là, les soignants ont refusé de prendre son bébé dans la salle des bébés, mais ils ont dit qu’elle doit rester auprès de Loane, parce que, comme il y a le VIH de la maman, c’était un danger pour les bébés. C’était des soignants qui n’étaient pas au courant parce que ça ne représentait aucun danger pour les autres bébés. Déjà, ses filles sont séronégatives et voilà, le fait qu’elles soient sorties du ventre d’une maman séropositive, il n’y a aucun lien.
Sandra : Ca, clairement, c’est de la discrimination.
Tina : Voilà, c’est de la discrimination. On l’a laissé quand même galérer la nuit à gérer les pleurs de son bébé. Je pense que pour la deuxième, ils ont quand même accepté de la prendre mais de la mettre dans une chambre à part. Donc c’est quand même très blessant pour une maman, dès la naissance, de voir que son enfant est discriminé, dès son premier jour sur cette Terre quoi.
Ali : Moi, de ce qu’elle avait expliqué, j’avais retenu que, bon déjà Saint-Brieuc c’est une grande ville entre guillemets en Bretagne mais c’est tout de même une petite ville, je connais un peu. Apparemment, elle a accouché dans la même maternité trois fois de suite. Donc, sa première grossesse, elle a ressenti une certaine animosité de la part du personnel hospitalier. Pour son second enfant, un peu moins. Pour la troisième, elle avait bien mis les choses au point, au clair et donc, elle savait à quoi s’attendre. Apparemment, elle y est allée confiante et félicitations, apparemment ça s’est bien passé.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE