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Aïcha | Algérie | Annonce de la séropositivité | Couples concernés par le VIH | Femmes séropositives | Malades étrangers

Une association en France déconseille à un algérien d’être en couple avec une femme séropositive

18 janvier 2012 (papamamanbebe.net)

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Nous lisons à l’émission du mardi 17 janvier 2012 un message d’une auditrice de l’émission Survivre au sida :

« Salut, je suis une jeune algérienne séropositive depuis presque 2 ans et j’écoute l’émission régulièrement. Je tiens à remercier l’équipe survivre au sida pour tous leurs efforts. Pour le moment, je ne vis pas en Algérie. J’ai immigré parce que j’ai trouvé le grand amour dans un autre pays. Je veux bien un jour raconter toute mon histoire et mon expérience avec les associations et la société algérienne . Merci encore. »

Sandra : Alors Tina, ce n’est pas la première fois qu’on parle de l’Algérie, des pays du Maghreb, des gens qui sont séropositifs et qui vivent en Algérie. Est-ce que tu connais un peu la situation des séropositifs qui vivent là-bas ?

Tina : Je connais surtout des expériences de personnes qui vivaient en Algérie et qui aujourd’hui vivent en France et plus précisément à Paris ou en Ile-de-France, qui sont venus au Comité, qui nous avaient déjà contacté depuis là-bas et quand ils sont arrivés en France, ils sont directement venus au Comité pour nous rencontrer et pour nous raconter ce qu’ils ont vécu là-bas. C’est vraiment un autre monde. Le VIH est très tabou, on ne peut pas en parler. Tout le monde se cache. C’est dix fois pire qu’ici la discrimination. Et puis les associations ne sont pas très transparentes. Il se passe des choses pas très claires et souvent, les personnes viennent ici pour dénoncer la mauvaise gestion dans les associations.

Sandra : Là, on va tout de suite écouter Aïcha car, comme tu as dû le comprendre et vous l’avez compris, elle souhaitait parler de son expérience. J’ai pu la contacter, on a pu se parler et maintenant elle habite au Danemark. Donc on s’est parlé par téléphone. Je vous propose d’écouter l’entretien tout de suite.

Début du son.

Aïcha : Je vois que là-bas, c’est vraiment une situation critique. Un pays qui a beaucoup d’argent, beaucoup de pétrole, qui a beaucoup de médicaments, qui a assez de médicaments, mais je vois que la gestion n’est pas bonne ou je ne sais pas ce qui se passe. Mais les gens quand même souffrent. Les médicaments n’arrivent pas à temps et beaucoup d’autres choses.

Sandra : Pour comprendre ce qui se passe en Algérie, je te propose qu’on en apprenne un peu plus sur toi. Est-ce que tu peux me dire toi, quand tu as appris ta séropositivité, comment ça s’est passé pour toi ? Comment on te l’a annoncée et comment ça s’est passé pour toi dans ta tête ensuite ?

Aïcha : J’ai fait un bilan. Je n’avais aucun signe. J’ai fait un bilan normal, un bilan régulier. Par la suite, j’ai découvert que je suis séropositive. C’était un grand choc, un très grand choc, pour une fille qui allait se marier. Il restait que deux mois avant le mariage. C’était vraiment un grand choc. Par la suite, j’ai pu accepter, et ma famille aussi a pu accepter.

Sandra : Qui t’a annoncé ta séropositivité ?

Aïcha : C’est le médecin.

Sandra : Et comment ça s’est passé ? Comment le médecin te l’a dit ? Tu as pu discuter avec lui ?

Aïcha : Pour commencer, je suis déjà infirmière. Ce qui fait que, celui qui m’a annoncé ma séropositivité était déjà du corps, était déjà un médecin qui me connaissait bien. Alors, c’était très difficile pour lui et très difficile pour moi aussi. Il a refait ça presque 4 fois ou 5 fois, avant de m’annoncer ça. Lui-même était déjà choqué. C’était un choc pour nous deux.

Sandra : Qu’est-ce qui s’est passé après ? Est-ce que tu en as tout de suite parlé à ton entourage ou est-ce que tu as gardé ça pour toi ?

Aïcha : Non, garder ça pour moi, non. Je n’ai pas pu parce que, la famille compte beaucoup en Algérie. C’est un truc très grand. Si tu ne peux pas avoir le soutien dans la famille, tu ne peux pas l’avoir ailleurs. J’avais vraiment besoin que ma famille me soutienne et j’ai trouvé ça dans ma famille en fait. J’ai eu aucun problème avec eux. Ils me soutiennent jusqu’à maintenant.

Fin du son.

Sandra : C’était Aïcha. On l’écoutera à nouveau tout à l’heure. Je voudrais apporter quelques précisions. Après, elle s’est souvenue qu’elle avait oublié de me donner un détail. Quand son fiancé a appris sa séropositivité, lui, il était un peu, dans l’optique du rejet. Il ne voulait pas accepter. Qu’est-ce qui l’a fait ? Il a appelé une association en France, je ne sais pas laquelle. Elle non plus ne sait pas. Et, cette association lui a dit que c’était trop dangereux de vivre avec une personne séropositive. Du coup, ça l’a confirmé dans son choix de la quitter. Tina, est-ce que ça t’étonne qu’une association en France, j’espère que ce n’est pas une association qui lutte contre le VIH/Sida, là ce serait encore plus grave, mais, est-ce que tu aurais un avis là-dessus ?

Tina : Effectivement, c’est assez flou comme information. C’est bien sûr assez choquant d’entendre ça, que en France, il y ait des professionnels, qui soient dans le domaine de la lutte contre le VIH ou non qui peuvent déconseiller en disant que c’est trop dangereux de vivre avec une personne qui est séropositive, sachant que, aujourd’hui, tout est possible. Donc ça doit rester bien sûr le choix de la personne, si elle veut vivre avec ou non, mais il vaut donner l’information à la personne. Moi, ça ne m’étonne pas tellement parce que, comme je vis en couple sérodifférent, mon conjoint, occasionnellement, il va faire des tests de dépistage, comme il est séronégatif, quand il va dans les CDAG, il parle de la situation de vie de couple. Donc il vit avec une personne séropositive. Donc à chaque fois, les médecins sont super choqués, essayent un peu de le déstabiliser. C’est vrai que, l’idée de pouvoir vivre en couple sérodifférent, ce n’est pas encore très accepté dans le monde professionnel. Ca existe. Il y a beaucoup de couple sérodifférents et l’amour est plus fort que le VIH dans beaucoup de cas. Mais, pour des professionnels, d’y croire, ils font peut-être parfois semblant. Mais réellement de croire que c’est possible et que, on peut vivre heureux, il n’y en a finalement pas tant que ça.

Transcription : Sandra JEAN-PIERRE