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Maison des familles (2008–2013) | Financement de la lutte contre le sida | Un local à Paris pour les familles vivant avec le VIH

Les familles concernées par le VIH pourront-elles garder leur local à Paris ?

17 novembre 2011 (lemegalodon.net)

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Sandra : Les membres du Comité des familles se mobilisent pour ne pas perdre leur local. Alors Tina, que se passe-t-il pour les familles concernées par le VIH ? D’un côté, on apprend qu’ils organisent un Mini couscous et là, on apprend que rien ne va plus pour le Comité des familles. Peux-tu nous en dire plus, toi qui est membre du Comité des familles ?

Tina : Oui, le Comité des familles a des problèmes au niveau financier, ce qui est dû au fait que les subventions sont déjà très maigres. Il faut dire que le Comité se bat avec des tout petits moyens. On a réussi à ouvrir un local, faire un certain nombre d’activités, de faire des événements festifs de grande taille, et aussi des événements où on rencontre les médecins, où on dialogue, parler de l’actualité VIH. Mais, derrière tout ça, il y a un réel combat. Il faut simplement faire face à une situation où la mobilisation des membres doit être importante pour faire ces choses-là, parce qu’on n’a pas beaucoup de moyens pour les faire. C’est vraiment la volonté des familles qui vivent avec le VIH qui réussissent à faire un certain nombre de choses. Mais il y a aussi des limites à tout. Le loyer, faut bien le payer. Il y a des personnes qui sont salariées à l’association qui, le nombre a beaucoup diminué mais les salaires, faut les payer, les charges sociales, faut les payer. Mais, de l’autre côté, les subventions ont du retard. Il faut faire face à ça. L’association n’a pas de coussin, parce que, simplement les subventions sont trop maigres. Dès qu’il y a le moindre petit retard, ça se répercute tout de suite. Aujourd’hui, on ne peut pas payer le loyer du local des familles.

Sandra : Face à cette situation, les membres du Comité ont décidé de se battre, et ça commence par des messages de soutien pour le Comité des familles.

Début du son.

Nino : Moi, je m’appelle Nino. 30 ans. Célibataire. J’ai appris ma séropositivité il y a un an. Je prends le traitement il y a presqu’un an aussi. Tout de suite j’ai commencé. Maintenant, il y a une semaine, mon médecin m’a annoncé que j’avais une charge virale indétectable. J’ai connu le Comité des familles il y a un mois, par le canal de mon médecin et ma psychologue qui ne cessait de m’en parler tout le temps quand j’allais à l’hôpital, parce que, je n’étais pas bien, je ne me sentais pas bien. J’étais choquée quand on m’a annoncé. J’étais vraiment affaibli, abattu et, chaque fois que j’allais chez le médecin, mon médecin et ma psychologue me parlaient toujours du Comité des familles, qu’il faut y aller et après, tout ira bien. J’ai passé presque 8 mois. Je ne voulais pas chaque fois qu’on m’en parlait. Depuis un mois, je peux vous dire que ma vie a changé.

Ma vie a changé parce que, au Comité des familles, c’est la joie. C’est la joie de vivre. D’ailleurs, la première fois que je suis venu, ce qui m’a plu, c’est l’entretien. L’écoute. J’ai rencontré Ousmane, qui m’a reçu. On a eu une conversation de presque 1h30. Même ses coups de fil, il ne voulait pas prendre. Alors, ils prennent tout le temps pour écouter la personne qui arrive. Après, ils t’expliquent tout. C’est l’accueil d’abord qui m’a plu. C’est ça qui m’a donné envie de revenir. Pour moi, le Comité des familles est très important parce que, je n’étais pas bien. Mais depuis que je suis arrivé au Comité des familles, j’ai rencontré des gens comme moi. Pas de discrimination. Où les gens sont sympa et bien. Ils nous donnent des conseils. Ca m’a apporté beaucoup moralement, physiquement même je peux dire. Je peux vous dire physiquement, j’ai changé. Moi aussi, je me sens vraiment dans l’obligation d’apporter quelque chose, un petit soutien au Comité des familles. Je profite aussi de lancer un appel à tous ceux qui sont comme nous, qui sont, séropositifs, qui ne veulent pas adhérer au Comité des familles, de venir, ça va leur faire du bien. Tout le monde a une place, d’apporter quelque chose, de faire, je peux dire, du bénévolat et participer dans des activités du Comité.

Si les familles vivant avec le VIH, n’avaient plus ce lieu, je pense que, pour moi, c’est une façon de nous dire, comme vous avez le VIH, d’aller nous enfermer dans, peut-être, dans une cellule, et dire que, bon, comme vous avez le VIH, vous restez là-bas, parce que c’est un endroit vraiment, où nous nous retrouvons, où nous échangeons des idées. C’est comme si, on nous envoyait dans un autre monde à part, si les gens, les familles vivant avec le VIH n’avaient plus ce local. Pour moi, ce serait vraiment comme une discrimination et peut-être, retomber encore peut-être dans la solitude, la souffrance. Parce que, nous souffrons déjà énormément, quand on vous dit, vous allez prendre les médicaments toute votre vie, et après, on n’a plus un local comme le local qui accueille le Comité des familles, les familles vivant avec le VIH, ce serait une catastrophe.

Mon message à ceux qui ne voudraient plus donner les subventions au Comité des familles. Déjà leur dire merci pour ce qu’ils ont déjà fait pour le passé, et moi, je leur demande, de continuer à nous soutenir, parce que, on en a vraiment besoin. Les familles, pleins de familles, qui vivent avec le VIH.

Habi : Je m’appelle Habi. J’ai 45 ans. Je suis séropositive depuis 1989. J’ai une charge virale indétectable. Toujours en trithérapie. Je vis très bien ma maladie, depuis que je connais le Comité des familles. Je connais le Comité des familles depuis à peu près un an et demi passé. Je l’ai découvert sur internet, suite à un jour où j’avais un petit coup de blues. J’étais un peu pommée dans la vie. Je voulais absolument rencontrer des gens comme moi, puisque, j’ai été rejetée pendant pas mal de temps par mes proches. Donc, je cherchais à tisser des liens avec des gens comme moi. Donc, j’ai été très heureuse de connaître le Comité des familles grâce à internet, à la technologie. Je suis très satisfaite du Comité des familles, parce que, en fait, ce dont je manquais, je l’ai trouvé. Cette chaleur humaine, cette spontanéité, cette joie de vivre, tout ça, je le trouve, au Comité des familles. Je suis très contente d’avoir intégré le Comité des familles. C’est une association dont j’ai besoin et dont je pense que, toutes les personnes qui sont dans le même cas que moi, ont besoin. Elle nous apporte beaucoup psychologiquement. Elle nous apporte beaucoup physiquement aussi, parce que, bon, en ayant une trithérapie, c’est quand même un traitement qui est assez douloureux. Quand notre cerveau et notre état psychique est en pleine forme, tout le reste est en pleine forme.

Moi, je soutiens complètement le Comité des familles, parce que, c’est une association dont on a tous besoin. Toutes les personnes séropositives et ceux qui les aiment, ont besoin. Je n’aimerai pas qu’on nous retire le Comité des familles et qu’on arrête les subventions car c’est quand même une association dont on a énormément besoin, qui nous apporte beaucoup psychologiquement. Si je peux apporter mon aide au Comité des familles, pourquoi pas. J’espère que, les personnes concernées continueront à nous donner des subventions pour pouvoir continuer, pour pouvoir, effectivement, continuer à se nourrir de cette joie de vivre que nous apporte le Comité. On a vraiment besoin du Comité des familles. Je pense que, les personnes concernées, qui nous donnent des subventions, devraient se poser quand même la question, un jour, si c’était un de leur proche qui était dans le même cas, comment réagiraient-ils ? On a besoin de cette solidarité des subventions. C’est très important d’avoir des petites structures comme celle-ci.

Ne nous retirez pas le Comité des familles ! On a besoin de subventions ! C’est le Comité des familles qui nous a redonné le sourire, et il faut que ça continue. C’est un lieu d’échange, c’est un lieu, quand on n’est pas bien, on trouve des personnes à qui parler. Quand on n’a pas d’ami, parce que, on nous rejette à cause de la maladie, on a du soutien morale. On fait beaucoup de choses, on fait pas mal d’activité. C’est une seconde famille pour moi. C’est tout ce qu’on a. J’ai grandement besoin du Comité des familles et je sais que je ne suis pas la seule. Maintenant, s’il faut, si on pourrait, aller nous exprimer nous-même, voir monsieur le maire, le maire de Paris, ou qui de droit, il n’y a pas de soucis, je peux aller voir ces personnes-là. Essayer de faire en sorte qu’on nous comprenne de vive voix.

Fin du son.

Transcription : Sandra JEAN-PIERRE