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Affaire du sang contaminé et Médiator : non Irène Frachon, ce n’est pas comparable, selon Claude Samuel
12 octobre 2011 (lemegalodon.net)
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Sandra : Le docteur Irène Frachon devant la chambre disciplinaire de 1ère instance du conseil régional de l’Ordre des médecins de Bretagne. Pourquoi ? C’est suite à la plainte de Claude Samuel, président de l’Association de Défense des Victimes de l’Affaire du Sang Contaminé. Est-ce que, quelqu’un autour de la table, connaît le docteur Irène Frachon ?
Thierry Prazuck : Oui, bien sûr. C’est le Médiator. C’est elle qui a révélé l’affaire sur le Médiator.
Sandra : Voilà. Tina, tu connaissais ou pas ?
Tina : Non.
Sandra : Ok. Donc oui, comme vous le disiez Thierry Prazuck, elle a joué un rôle dans l’affaire du médiator. Je vous propose d’écouter Claude Samuel, qui explique en détail pourquoi il porte plainte contre le docteur Irène Frachon.
Début du son.
Claude Samuel : Le docteur Irène Frachon est médecin pneumologue, praticien hospitalier au CHU de Brest, à l’hôpital de la Cavale Blanche. Praticien hospitalier c’est le sommet de la carrière hospitalière. Il forme le Corps des praticiens hospitaliers. Donc c’est le top pour les médecins hospitaliers. Il n’y a pas plus haut.
Sandra : Le docteur Frachon, qu’a-t-elle à voir dans cette affaire du Médiator ?
Claude Samuel : Elle a fait exploser l’affaire du médiator qui était distribué par les laboratoires Servier.
Sandra : Quel a été son rôle dans l’histoire du Médiator ?
Claude Samuel : D’après ce que les médias nous ont dit, et d’après ce qu’on en a compris, c’est elle qui a révélé que le Médiator n’était pas vraiment un médicament.
Sandra : Mais alors, pourquoi porter plainte, si elle a dit que le Médiator n’était pas un médicament...
Claude Samuel : Notre plainte n’a rien à voir avec le Médiator. Ce pourquoi on a porté plainte, c’est suite aux déclarations que le docteur Frachon a fait le 21 décembre 2010, à France Info, dans son émission les invités de France info de Monsieur Bernard Thomasson. Et là, on a été victime d’une agression absolue énorme de la part du docteur Frachon.
Sandra : Qu’a-t-elle dit lors de cette interview ?
Claude Samuel : A la question que pose monsieur Bernard Thomasson, Irène Frachon est-ce qu’on assiste à un nouveau scandale sanitaire qui rappellerait malheureusement celui du sang contaminé par exemple ? Réponse du Dr Frachon : Alors oui, en fait oui, et je vais vous dire pourquoi, et je vais même vous dire quelque chose, je pense que c’est plus grave que l’affaire du sang contaminé en termes d’ampleur du drame malheureusement c’est un petit peu comme l’échelle de Richter, des catastrophes sanitaires on est du même ordre d’idée en termes de victimes... ». Le constat est que pour le Dr Irène Frachon, le scandale du Mediator est plus grave que celui du sang contaminé ! Par sa démarche le Dr Irène Frachon tend à revoir des faits historiques établis de façon indiscutable, en se servant du scandale du Mediator, en donnant une nouvelle interprétation et en réécrivant l’histoire de l’affaire du sang contaminé. C’est du révisionnisme voire du négationnisme. Pour toutes ces raisons, ceci est inadmissible de la part d’un médecin pneumologue, praticien hospitalier, d’autant plus que les scandales du Mediator et du sang contaminé ne sont nullement comparables dans les termes évoqués par le Docteur Irène Frachon mais de par leurs spécificités. Quelles sont les spécificités de l’affaire du sang contaminé, hépatite C et sida ? Les virus du Sida (VIH) et de l’Hépatite C (VHC) sont transmissibles. Il y a création de chaînes de contamination. Hépatite C, infections nosocomiales, partage de seringue, etc. Sida : conjointe, conjoint, partenaire(s), mère-enfant, partage de seringue. Le sida, ou "Syndrome d’immunodéficience acquise", est une maladie qui est due à l’invasion de l’organisme par un virus, le VIH. De même pour l’hépatite C, le VHC. Or, le Mediator n’est pas un virus mais un « médicament », issu de la pharmacopée chimique, destiné à traiter des maladies. Il n’est donc pas de même nature que le sida, ni de même nature que l’hépatite C. Le sida est une maladie, l’hépatite C est une maladie, le Mediator est, entre guillemet, un traitement médical. Les effets du Mediator ne peuvent pas se transmettre, contrairement au Sida et à l’Hépatite C. Le médiator ne se transmet pas, ce n’est pas une épidémie. Comparer en pleine connaissance de cause et sciemment les conséquences des effets du Mediator à celles du sang contaminé par des virus est criminel. C’est une altération de la réalité, un mensonge. Les effets du Mediator sont limités dans le temps, alors que nul ne peut dire si les chaînes de contamination pourront un jour être interrompues. La qualification professionnelle du Dr Irène Frachon, médecin pneumologue, praticien hospitalier au CHU de Brest aggrave les qualifications qui seront retenues. Qui plus est, les propos révisionnistes et négationnistes du Docteur Irène Frachon, sont susceptibles de détourner les patients du dépistage encouragé par les institutions publiques, constituent également une mise en danger de la vie d’autrui aggravée. En effet le dépistage précoce permet, aux personnes qui apprennent leur séropositivité au VIH et/ou au VHC, de bénéficier d’une prise en charge et d’autre part d’adapter leurs comportements préventifs. Quels sont les chiffres du sang contaminé en France, sida et hépatite C ? Sida : transfusés 8 000, hémophiles 1 200, plus les chaînes de contamination. Hépatite C : par transfusion entre 100 000 et 400 000, plus les chaînes de contamination. Rapport Officiel : Rapport Pr. Micoud au Dr Bernard Kouchner, Ministre de la Santé, 1992. Chiffre de l’EXPRESS publié le 30 juin 1994. Hépatite C : 400 000. Hépatite C - Sida : Voyez aussi le dossier de presse de Dentistes Sans Frontières (DSF) en partenariat avec notre association, l’ADVASC A quel impératif le Dr Irène Frachon obéit-elle ? Déclarer que le Médiator a causé autant de victimes que le sang contaminé, soit moins d’un centième des chiffres réels, sans compter les victimes des chaines de contamination, c’est une falsification de la réalité, c’est du révisionnisme et du négationnisme. Et, après avoir fait cette première déclaration. Le Dr Irène Frachon surenchérie en disant que : « dans le sang contaminé, ce qui était en cause c’était un établissement public. Il y a eu des décisions pour des raisons d’intérêts financiers mais qui n’intéressaient pas des intérêts privés, ... » Ce n’est pas un établissement public mais des établissements publics, des établissements privés, et collusion public-privé. Le commerce du sang. Exemple : fabrication du vaccin contre l’hépatite B à partir de sang contaminé. Les collectes de sang dans les prisons. Firmes pharmaceutiques : Rhône Poulenc, Institut Merieux, etc. Institut Mérieux : exportation, envoi de sang contaminé en Tunisie. Le 14 février 2011, par pli recommandé nous avons demandé au Dr Irène Frachon de nous fournir ses explications. On constate qu’aucune rectification n’a été apportée aux articles publiés, ni aux déclarations faites au cours des différentes émissions de stations radios et chaines de télévision. Le Docteur Irène Frachon n’a pas corrigé les propos qu’elle a tenues. On ne peut que s’interroger sur les motivations de ses déclarations. Comme on dit, à qui profite le crime ? En attaquant les victimes de l’affaire du Sang contaminé, Madame le docteur Frachon cherche-t-elle à exonérer des membres de sa profession et/ou des acteurs politiques de l’affaire du sang contaminé ?
Sandra : Quand Irène Frachon a fait cette déclaration, a t-elle cité des chiffres, des statistiques, est-ce qu’elle a justifié ses propos ?
Claude Samuel : Non. Ses paroles, c’est :« en terme de l’ampleur du drame, malheureusement, c’est un petit peu comme l’échelle de Ritcher, dès qu’elles sont sanitaires, on est du même ordre idée en terme de victime ». Or c’est, d’après les chiffres officiels, c’est entre 500 et 2000. Et de toute manière, nous ne voulons pas rentrer dans une question de chiffre. Ce n’est pas de même nature.
Fin du son.
Sandra : Voilà, et maintenant, le docteur Irène Frachon se retrouve devant la chambre disciplinaire depuis le 8 septembre 2011. Claude Samuel a porté plainte le 28 février 2011. Alors, qu’en pensez-vous de sa plainte ? Est-ce que vous la trouvez justifiée ? Démesurée ? Exagérée ? Je vais commencer par Eric Chapeau, je t’ai vu réagir pendant qu’on écoutait Claude Samuel. Qu’en penses-tu ?
Eric Chapeau : Oui, j’ai réagi parce que, je pense que, Madame Frachon, je voudrais aussi répéter que les laboratoires Servier, jusqu’à présent, n’ont pas été jugé. Ils sont considérés comme présumés innocents. Je pense qu’on peut présumer aussi que Madame Frachon est innocente. Je trouve malheureux de, je pense que c’est une phrase malheureuse, qui n’est pas forcément fausse non plus. Parce que, si je dis que ce scandale, s’il y a scandale, je dis bien s’il y avait scandale avec les médicaments Servier, et que c’est prouvé, ce serait plus grave parce qu’il y a déjà eu le scandale du sang contaminé et que c’est grave que ça n’est pas servi de leçon. Ca, je peux dire que c’est plus grave de commettre deux fois le même style d’erreur, en vendant, je dis si c’est vrai, des produits qui sont peut-être frelatés ou nocifs pour la santé. En n’ayant conscience, comme on l’avait fait pour le sang contaminé, en donnant des lots aux hémophiles, dont on savait qu’ils étaient tous contaminés ou quasiment tous contaminés. Et on savait qu’on les contaminait. Alors, si on savait que ce médicament était dangereux, et qu’on a continué à le distribuer, c’est encore plus grave, parce que c’est la deuxième fois que ça arrive. Et, je pense qu’il y a eu peut-être d’autres fois pour d’autres médicaments où on ne sait pas. Donc, dans ce cas-là, je peux dire que c’est plus grave, et j’espère qu’on ne portera pas plainte contre moi, pour révisionnisme.
Sandra : En fait, ce qu’il veut dire, c’est que c’est, sur ce quoi il a insisté quand je l’ai eu au téléphone ensuite, c’est que, ce n’est pas de même nature, c’est ça qu’il veut dire, que sang contaminé et médiator, on ne peut pas comparer. Thierry Prazuck, votre avis ?
Thierry Prazuck : Bah moi je ne voudrais pas me retrouver devant la chambre disciplinaire du conseil régional de l’ordre en parlant. Mais néanmoins, je remarque, à quel point, le conseil régional de l’ordre de Bretagne, se positionne devant le problème du sang contaminé, et je remarque à quel point, il considère que c’est quelque chose de très important. Et donc, de ce point de vue là, eh bien, ça justifie un certain nombre de nos actions. Maintenant, si, effectivement, comme le dit Eric, les laboratoires Servier étaient condamnés pour manquement grave à la qualité et les produits et concernant le médiator, moi je dirais, on ne va pas faire des comptes d’apothicaires. Un patient qui décède d’un médicament ou d’un produit biologique sanguin ou deux ou dix ou 1000, on n’est pas là pour essayer de faire des statistiques, pour dire, qui est devant l’autre, et que, tel médicament, est pire que, quelle catastrophe est encore pire que la précédente. Je crois que, à chaque fois qu’il y a une catastrophe de ce genre, qu’il y a un problème de ce genre, il faut tout faire pour que ceci ne se renouvelle pas. Mais comparer me semble effectivement pas une chose tout à fait judicieuse.
Sandra : Karine Adam, avez-vous une opinion sur ce qu’on vient d’entendre ?
Karine Adam : Donc nous, on n’est pas une association de patient, j’avais cru comprendre qu’il était une association patient parce qu’il s’exprimait un peu pareil. Donc moi, je porte la parole d’HEPSILO, donc je ne veux pas me fâcher avec le conseil de l’ordre de Bretagne. Simplement, il a probablement raison, ce n’est pas de même nature. Mais c’est aussi une phrase qui est tirée d’un contexte, et c’est facile à la radio ou ailleurs de déraper, en entretien. Mais, ce qui me fait peur, c’est les termes qu’il utilise ce monsieur, révisionnisme, négationnisme. Alors là, je trouve que c’est hors contexte. Donc ça, ça m’inquiète beaucoup d’entendre ça de la part d’un médecin.
Eric Chapeau : Je dirais même que le scandale du sang contaminé n’a rien à avoir avec les millions de morst qu’il y a eu, juifs et autre, tziganes et homosexuels pendant la seconde guerre mondiale et soldats, et des chambres à gaz. Et en général, on garde ces mots de révisionnisme pour ces choses aussi. Donc, je veux dire, paix aux hommes de bonnes volonté et que tout le monde se calme.
Sandra : Tina, que penses-tu de tout ça ?
Tina : Je m’accorde un peu à ce qui a été dit ici à la radio. Je trouve aussi, si c’est un médecin avec une bonne volonté, même si elle a utilisé des termes, pas justes mathématiquement, ce n’est pas là-dessus qu’il faut après attaquer quelqu’un. Le combat est autre part.
Sandra : Donc pour vous, Claude Samuel, porter plainte, il n’aurait pas dû ? Pas dû s’arrêter sur ce détail-là ?
Eric Chapeau : Ils devraient se rencontrer, seul à seul, et puis discuter. Et je pense que, tout le monde va se comprendre. Il ne faut pas que chaque phrase soit mal interprétée. Chaque phrase peut avoir plusieurs sens, plusieurs interprétations. Chacun a sa sensibilité, les victimes du sang contaminé ont payé un lourd tribu, les victimes de toutes les erreurs médicales payent un lourd tribu. Il ne faut pas que les victimes se mangent entre elles non plus.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE